L’ingénieur agroalimentaire, Docteur en sciences des aliments, le Professeur Mady Cissé, a souligné la nécessité pour l’Etat de fortement miser sur les agropoles pour la relance du secteur agroalimentaire, identifié à travers le Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (Pap 2A). «Ces agropoles, pôles de compétitivité régionaux, devraient fortement contribuer à la relance du secteur agroalimentaire par un soutien à la modernisation des chaînes de valeurs agricoles et la création de nombreux emplois dans la transformation et la diversification économique», soutient-il dans une contribution transmise à l’Aps.
Dans ce texte intitulé Le secteur agroalimentaire sénégalais face à la crise de la Covid-19, le spécialiste souligne que «l’agroalimentaire sénégalais, à l’instar des autres secteurs industriels, a subi de plein fouet les impacts négatifs de la pandémie à Covid-19».
«La Covid-19 a fini de prouver la fragilité du système de distribution et de conservation des denrées alimentaires. A l’échelle locale, des difficultés d’approvisionnement en produits alimentaires (céréales, fruits et légumes, poissons et viandes) ont été constatées dans certaines zones, dues à la fermeture des frontières et des mesures de confinement», soutient-il.
Le Sénégal, rappelle-t-il, «à travers le Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (Pap 2A), document de référence de la seconde phase du Pse (2019-2023), a identifié quatre (4) secteurs dont l’agriculture et l’agroalimentaire pour jouer le rôle de moteur dans la relance de la croissance post Covid-19».
Selon lui, «le secteur agroalimentaire, essentiel à l’économie du pays, devra bénéficier de divers types de soutiens dont : accompagnement de la modernisation des chaînes de valeurs et des infrastructures dans le cadre des Agropoles, assistance aux entreprises pour la conservation, transformation et distribution des produits agricoles transformés ou non, développement de la formation professionnelle et à l’entrepreneuriat et accès au crédit pour les Pme et Pmi».
Pour le Pr Cissé, «les objectifs généraux des agropoles au Sénégal sont d’impulser la transformation structurelle de l’économie, réduire la pauvreté rurale, créer un environnement plus propice à l’accroissement des investissements dans les secteurs agroalimentaires et connexes».
Un agropole, explique-t-il, «est un regroupement géographique d’entreprises indépendantes regroupées pour réaliser des économies d’échelle et des externalités positives en partageant les infrastructures et en profitant des possibilités d’achat et de vente en gros, de cours de formation et de services de vulgarisation».
«De multiples fonctions agro-industrielles ont lieu dans les agropoles, telles que la transformation finale, le stockage, le conditionnement, la commercialisation et la distribution. Des entreprises de soutien et des infrastructures sociales sont également présentes», ajoute-t-il.
Trois (3) agropoles compétitifs et intégrés sont en préparation dans les régions nord, centre et sud du Sénégal, a-t-il indiqué.
Selon lui, «ces agropoles seront donc essentiels dans la phase de redémarrage, car ils visent à renforcer la résilience des communautés rurales grâce à l’accès des jeunes et des femmes à des emplois qualifiés, formalisés et mieux rémunérés que les activités agricoles informelles traditionnelles».
L’ingénieur agroalimentaire souligne que «la pandémie de Covid-19 a mis en évidence l’impérieux impératif de procéder à un état des lieux des aliments traditionnels de grande consommation, afin de proposer des moyens de maîtrise de leur qualité sanitaire et nutritionnelle et de contribuer à l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de la réduction du déficit de la balance commerciale du Sénégal».
Selon lui, «la cartographie des aliments de grande consommation liés à la crise sanitaire, l’évaluation de la qualité sanitaire et nutritionnelle des produits de grande consommation et l’élaboration de guides nutritionnels à base d’aliments locaux pour le renforcement du système immunitaire sont des leviers indispensables pour impacter positivement le ‘’consommer local’’».
Il ajoute que «la mise en place de normes de qualité des aliments locaux est importante pour relever le défi de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, mais aussi favoriser l’accès au marché international de nos produits agricoles transformés».
Toutefois, il a reconnu qu’il sera difficile d’opérer des changements notables des pratiques en matière d’alimentation, même en période de crise telle que le Covid-19.
La raison, selon lui, est que l’alimentation, au-delà de l’«ingestion de plats plus ou moins variés, nécessite également des implications fortes au plan politique, économique, juridique et anthropo-sociologique».
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