L’œuvre de Thione Ballago Seck a été disséquée par des doctorants et enseignants-chercheurs de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Une façon pour le Laboratoire didactique des langues et sciences humaines (Ladilash) de la Faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation de l’Ucad de rendre un hommage au chanteur décédé en mars dernier.
Par Malick GAYE – Le Laboratoire didactique des langues et sciences humaines (Ladilash) de la Faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a organisé une journée d’étude en hommage à Thione Ballago Seck. L’œuvre du chanteur, décédé en mars dernier, a été disséquée par des doctorants et enseignents-chercheurs en vue d’explorer son coefficient scientifique. «On doit davantage s’intéresser au travail des artistes qui est de la littérature, de la poésie. En plus, c’est un message qui a beaucoup de portée. La force de pénétration des artistes est exceptionnelle et due à la nature de leurs œuvres et aux médias qu’ils utilisent. On ne doit pas passer à côté de ce type d’œuvres», a déclaré le Professeur de littérature et civilisations africaines à l’Ucad, Ibrahima Wane, qui enseigne l’Histoire sociale de la musique à l’Institut supérieur des arts et cultures (Isac) de Dakar.
S’agissant de l’œuvre de Thione Seck, le Professeur reste marqué par le niveau du texte du chanteur dans les années 2010. «Dans l’album Diaga, sorti en 2010, il y a un changement sur le texte par rapport à ce qu’il faisait. Il utilise le français dans un texte en wolof. C’est un renouvellement dans l’écriture poétique de Thione», a-t-il constaté. Pour ensuite rappeler que «Thione s’est beaucoup interrogé sur la forme de ses textes. Comment dire, comment parler, comment toucher avec quelle image, quel lexique, quelle musicalité ? Diaga c’est 2010. Ce n’est pas de la même façon qu’il a écrit Diongoma, Ballago ou Doomi baye. Ce renouveau dans l’écriture était pour parler aux générations actuelles qui utilisent ce mélange linguistique, ce wolof urbain ‘’francisé’’».
Le doctorant à l’école Art civilisation et culture de l’Ucad s’est, lui, intéressé au côté social de l’image de Thione Seck. «Autrement dit, comment Thione construit une image séduisante et captivante pouvant lui assurer l’efficacité du discours.» Constatant que «Thione est un éducateur, il s’est toujours créé des images d’humaniste, d’intelligent, de vertueux. A travers l’analyse de son œuvre, on peut dire que c’est une référence musicale. C’est un éthos pré-discussif. C’est l’image qu’il s’est créée», souligne Sidy Mokhtar Ndao qui en veut pour preuve la chanson Adduna, dans laquelle Thione dénonce «une des nombreuses tares de la société sénégalaise, à savoir le maraboutage. Cette pratique mystique, née souvent de la jalousie, de la rancune et de la perte de valeurs, tire sa subsistance d’une pénurie de foi. Laquelle justement permettrait de savoir qu’entre le temps éphémère de la vie et celui de la mort, il n’y a pratiquement pas de place pour sacrifier l’enfant d’autrui. Le parolier, qui se construit en effet un ethos d’humanité, l’explique en ces termes.» C’est la même logique que le doctorant aura pour les «autres images que l’artiste s’est construit».
mgaye@lequotidien.sn
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