Des navires sénégalais ont été arraisonnés en Gambie à cause de manquements notés au cours de la première édition des patrouilles conjointes entre les marines et garde-côtes du Sénégal, du Cap-Vert, de la Gambie et de la Guinée-Bissau. Initiée par le Sénégal, l’opération s’est terminée hier, sanctionnée par une conférence de presse nationale.
Par Amadou MBODJI – Ne représentant que 2,7% du trafic maritime mondial, le domaine maritime du continent africain fait face, malgré cela, à des menaces qui sont susceptibles de compromettre le développement de pans entiers de l’économie des pays et remettre en cause la stabilité des Etats. «Les principales menaces constatées en mer sont la pêche illicite non réglementaire et non déclarée qui fait perdre des milliards de francs Cfa par an aux économies des états côtiers, le trafic de drogue et le trafic d’armes», selon le document de presse distribué hier lors de la rencontre tenue à la Marine nationale. Conscients du fait que ce n’est qu’en joignant leurs forces qu’ils pourront davantage «sécuriser la mer», les pays comme le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau et le Cap-Vert ont accepté de mettre leurs efforts en commun en déroulant des opérations conjointes de patrouilles en mer.
Initiée par la Marine sénégalaise, l’opération, dont c’était la première édition, s’est déroulée du 18 au 28 octobre. Soit dix jours de patrouilles en mer au bout desquels un bilan «positif» est tiré par les concernés en termes de sécurisation de la mer.
En Gambie, quatre navires sénégalais ont été arraisonnés pour un manquement noté au cours des opérations. «En Gambie, les navires sénégalais sont autorisés à pêcher parce qu’ils ne sont pas en repos biologique. Ils ont été arraisonnés car certains n’avaient pas de document administratif. Un navire, avant d’aller faire des activités de pêche en mer, doit avoir une documentation à jour, conformément aux lois et règlements de l’Etat ou de l’espace où il veut aller mener ses activités. C’est ça principalement la raison des arraisonnements. Ça peut sembler non efficace mais cela a de l’intérêt, le fait d’avoir été là-bas. C’est un message pour ces pêcheurs, pour les acteurs qui évoluent dans la zone. Ils sont escortés jusqu’au port de Banjul», soutient le capitaine de frégate, Cheikh Oumar Sagna, qui co-animait une conférence de presse à la Marine nationale sénégalaise en compagnie de ses autres collègues que sont : Aliou Saneh de la Gambie, le capitaine Tos Valenio Antonio Pédro du Cap-Vert, le capitaine de Frégate Ndando Mboto de la Guinée Bissau et en présence de Serigne Guèye, Enseigne de Vaisseau. «Les navires sénégalais arraisonnés» seront soumis à une «amende» et, si on estime qu’ils n’ont pas «fauté», ils seront libérés, à en croire le capitaine de frégate, Cheikh Oumar Sagna.
«L’inspection a été effectuée dans les eaux gambiennes, la réglementation de la Gambie y prévaut. Vous n’êtes pas sans savoir que dans nos eaux, nous sommes présentement en repos biologique. Ce qui suppose que les eaux sénégalaises sont fermées pour un certain nombre de navires pour une période donnée. Dans la zone économique exclusive du Sénégal, aucun arraisonnement n’a été enregistré. Dans la zone économique exclusive de la Guinée Bissau, le nombre de navires identifiés s’élève à vingt-trois (23). Douze (12) navires ont pu être contrôlés mais aucun n’a été arraisonné», tient-il à préciser.
Affichant leur volonté d’organiser chaque année cette opération, les spécialistes de la sécurité en mer parlent des autres objectifs visés à travers cette opération, qui n’est autre, selon eux, que de «renforcer les capacités des marines et garde-côtes de l’Afrique de l’Ouest, d’assurer la sécurité et la sûreté maritimes». «Basées sur des accords bilatéraux, ces patrouilles conjointes contribuent au développement de la coopération sous-régionale. Pour cette première édition, un accent a été mis dans les zones économiques exclusives de la Gambie, du Sénégal et de la Guinée-Bissau», soutient le capitaine de frégate, Cheikh Oumar Sagna, qui indique que «la lutte contre la criminalité maritime, la sécurisation des espaces transfrontaliers maritimes, le renforcement de l’interopérabilité entre les marines de la Gambie, de la Guinée-Bissau, du Sénégal et des garde-côtes du Cap-Vert» constituent les autres visées de cette opération. Celle-ci aussi tend à «développer des capacités en connaissances maritimes, à améliorer les techniques d’investigation par les équipes de visite en mer et le renforcement des capacités de communication entre les centres de coordinations opérationnelles du Sénégal, du Cap-Vert, de la Guinée-Bissau et de la Gambie».
ambodji@lequotidien.sn
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