Les putschs survenus en Afrique ne sont rien d’autre que la conséquence de la mal gouvernance. Telle est la lecture faite de ces évènements par le Président du Rwanda. Paul Kagame reste persuadé que les civils ont leur part de responsabilité dans ces coups d’Etat. Ce qui l’amène à trouver injuste que de s’en prendre seulement aux soldats auteurs des coups de force. Une prise de position qui semble faire allusion à la gestion de ses anciens homologues malien, guinéen et burkinabé.
Par Mamadou T. DATTA – Le Président Paul Kagamé a sa propre analyse des coups d’Etat en Afrique. Pour expliquer la cause des putschs dans le continent, le dirigeant rwandais n’a pas trouvé mieux, dans un entretien accordé à Jeune Afrique, que de considérer que «c’est dans une certaine mesure, le résultat d’une défaillance dans la gouvernance». «Ce n’est pas juste la faute des militaires, les civils ont aussi une responsabilité. Certes, le rôle des militaires n’est pas de conduire ce genre d’action, mais on ne peut ignorer que, dans certains cas, les civils commettent, eux aussi, des actes contestables», souligne M. Kagamé.
En moins de deux années, trois pays d’Afrique de l’Ouest ont connu tour à tour, des coups d’Etat : le Mali avec le renversement de Ibrahim Boubacar Keïta, décédé il y a deux semaines, la Guinée avec la déchéance de Alpha Condé et le Burkina Faso, il y a quelques jours, avec Roch Marc Christian Kaboré qui est entre les mains des putschistes.
Le premier des Rwandais poursuit pour indiquer : «Si, sous un gouvernement civil, la situation se détériore et que les gens meurent, que les problèmes s’accumulent et qu’en plus les autorités se servent des militaires pour truquer les élections, qui doit-on blâmer lorsque l’Armée renverse ces gouvernements ? Je trouve inapproprié de ne critiquer que les militaires et de ne pas blâmer les civils qui les ont utilisés pour se maintenir au pouvoir. J’imagine que c’est à partir de ce genre d’analyse que certains disent qu’il y a des bons et des mauvais coups d’Etat.»
Paul Kagame ne manque pas de s’interroger : «Ensuite, même si l’Armée trouve des justifications à son action et que les civils en sont au départ satisfaits, il reste une question : les militaires s’appliquent-ils réellement à mettre en place une transition pour régler les problèmes qui les ont amenés à faire leur coup d’Etat ? C’est cette situation que l’on va suivre de près en Guinée et au Mali.»
Avec ces analyses du chef de l’Etat rwandais, il y a lieu de se demander si Paul Kagame ne remet pas en cause les gestions de ses anciens homologues, Feu Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) du Mali, Alpha Condé de la Guinée et aujourd’hui, Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso.
La Cedeao a décidé de suspendre le Burkina Faso de ses instances, après le coup d’Etat qui a déposé le Président Roch Marc Christian Kaboré, réélu au mois d’octobre dernier. (Voir par ailleurs). L’organisation sous-régionale a décidé aussi de sanctionner le Mali, en lui imposant un embargo et d’autres mesures contraignantes à la suite du dernier Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’organisation sous-régionale. Une décision découlant du désaccord entre les autorités de la Transition au Mali et la Cedeao, sur la durée de la Transition.
Redoutant, dans le domaine sécuritaire, un impact «potentiellement déstabilisateur» sur le Mali et la région, créé par la Transition au Mali, le Sommet d’Accra avait pris l’option d’activer immédiatement la Force en attente de la Cedeao, qui devra être prête à toute éventualité.
Pour le moment, des mesures fortes ne sont pas encore prises par la Cedeao à l’encontre de la junte guinéenne et de leur pays.
mdiatta@lequotidien.sn
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