Aminata Touré ne compte pas arrêter la dissidence. Elle a invité Macky Sall à la «tuer s’il préfère (lui) imposer un rapport de forces», mais qu’elle ne cédera pas. Pire, elle estime que «seule la confrontation» est possible pour faire respecter la Constitution. A cet effet, elle a lancé un appel à toutes les forces vives de la Nation.
Par Malick GAYE – Le verbe est devenu guerrier dans les rapports entre le pouvoir et l’opposition. Mais, cette tension a pris une autre tournure. Après Ousmane Sonko, c’est au tour de Aminata Touré d’inviter son ancien camp à «passer sur son corps», si celui-ci veut se débarrasser d’elle. En effet, commentant la décision du Bureau de l’Assemblée nationale de la déchoir de son mandat de députée, Mimi Touré a affirmé qu’il «faut qu’on s’unisse pour défendre notre démocratie. Il peut y avoir des ambitions, ce n’est pas un problème. Quand Macky a voulu se présenter (Ndlr : lors de la Présidentielle de 2012), ils étaient 13 candidats. Il y a toujours des hommes valeureux dans ce pays. Nous n’avons qu’une seule vie. Je crois qu’on doit se battre pour ses convictions».
Pour l’ancienne Première ministre, la déchéance de son mandat de parlementaire montre que «Macky Sall ne respecte pas la démocratie, encore moins le Droit». A cet effet, Mimi Touré accélère la cadence vers une «confrontation», qui est la seule voie possible pour faire respecter la Constitution.
Dans cette logique, Aminata Toure anticipe. Elle a invité les Forces de sécurité à se ranger du «côté du Peuple». «Les Forces de sécurité doivent savoir que ce sont des Sénégalais. Leur mission est de garantir la sécurité des Sénégalais», a-t-elle ajouté, tout en précisant qu’elle a contesté la décision du Bureau de l’Assemblée nationale devant la Justice. «Je dois dire à Macky que je ne compte pas dévier de cette lutte, quoi qu’il en coûte. Qu’il me tue, s’il préfère m’imposer un rapport de forces, mais je ne vais pas céder. Qu’il sache qu’après ma mort, d’autres vont lui faire face. J’en appelle à la jeunesse. Il n’y a que la confrontation comme issue possible», a-t-elle martelé. Ainsi, Mimi Touré a demandé à «tous les Sénégalais, surtout à la jeunesse», de faire de ce combat le leur.
Faut-il le rappeler : «Tout député, qui démissionne de son parti en cours de législature, est automatiquement déchu de son mandat. Il est remplacé dans les conditions déterminées par une loi organique», stipule la Constitution du Sénégal. Seulement, pour le cas de Aminata Touré, sa démission n’a pas été actée au sein de l’Apr, qui la considère comme démissionnaire. Elle a toujours clamé son appartenance à ce parti et a aussi assumé sa dissidence en démissionnant du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle. Cette dissidence a commencé quand Mme Touré a su qu’elle n’allait pas être proposée comme candidate à la présidence de l’Assemblée nationale, alors qu’elle avait dirigé la liste de Bby aux élections législatives du 31 juillet 2022. «C’est parce que je ne suis pas d’accord pour un troisième mandat, moralement et judiciairement impossible», avait elle expliqué.
Depuis lors, Aminata Touré n’a pas cessé de poser des actes politiques contre la mouvance présidentielle. Ainsi, lors du vote de la motion de censure contre le gouvernement, au mois de décembre dernier, elle avait voté pour, alors que les députés du groupe parlementaire Bby s’y étaient naturellement opposés.
mgaye@lequotidien.sn
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