L’érection d’une brigade de gendarmerie dans le village de Ngor a été la cause d’affrontements dans cette commune traditionnelle de Dakar la semaine dernière, entre des manifestants et les Forces de l’ordre. Des hordes de jeunes sont sortis pour s’opposer à la construction d’une brigade de gendarmerie, créant une tension pendant tous les congés de la Korité dans Ngor et les Almadies. Il n’y a qu’au Sénégal, où un plan de maillage sécuritaire de tout le territoire est conduit par la Gendarmerie nationale avec toutes les prérogatives nécessaires, que des populations, sous le coup de manipulations et une instrumentalisation par des politiciens irresponsables, veulent s’obstruer à une telle mission régalienne.
La situation qui s’est produite à Ngor est inédite dans la mesure où la défiance à tout ce qui est Etat, et ce sur quoi devrait reposer notre vie en communauté, atteint des propensions démesurées. C’est à se demander si la gendarmerie, dans son bon droit avec toute la légalité de l’acte qu’elle pose en construisant une brigade, aurait prêté le flanc, on aurait vu un beau jour, des populations d’autres contrées du Sénégal s’opposer à l’érection d’hôpitaux, de casernes de pompiers ou même d’édifices administratifs.
Tout d’abord, l’installation d’une brigade de gendarmerie à Ngor s’inscrit dans une logique entreprise par les services de sécurité d’offrir du répondant dans tous les districts des grandes régions du pays. C’est ainsi que depuis quelques années, il a été constaté l’érection de brigades à Fongolimbi, Khossanto ou Mako dans la région de Kédougou, à Lagbar, Ndiagne et Darou Marnane dans la région de Louga. Cette dynamique de sécurisation a également motivé la mise sur pied d’un Centre d’instruction des gendarmes auxiliaires à Kébémer, la construction d’une brigade à Ndande et l’ouverture d’une section de recherches à Thiès, alors que seules les régions de Dakar et de Saint-Louis en bénéficiaient auparavant. L’importance des enjeux sécuritaires dans notre pays pousse la gendarmerie, dans sa mission de sécurité, à multiplier sa présence dans tout le territoire et renforcer ses capacités de projection.
Il va ainsi de soi qu’une commune comme Ngor dont la population de 15 000 personnes en 2013 est à plus du double une décennie plus tard, avec une montée de l’insécurité dans tout le district de Ngor-Almadies, se doit d’avoir sa brigade de gendarmerie. Cela, d’autant plus que l’unité administrative, chargée de couvrir les services de gendarmerie pour Ngor, est logée à Ouakam (par la section de gendarmerie de cette autre commune). Pire, elle y partage les locaux.
Une telle situation découle du fait que la brigade de gendarmerie qui était à Ngor était installée dans une maison privée sous location, qui n’était d’ailleurs pas fonctionnelle pour ses missions. Cette maison finira, avec les inondations des derniers hivernages, par être impraticable, pour contraindre la gendarmerie à chercher ailleurs. Qu’y a-t-il ainsi de plus normal pour la Gendarmerie nationale que de se faire attribuer un terrain détenu par l’Etat du Sénégal pour y ériger un édifice afin de mener ses missions ? Quel maire peut empêcher la Gendarmerie du Sénégal de construire sur le terrain de 6387 m2, inscrit au livre foncier de Ngor-Almadies sous le numéro 13.334/NGA et détenu par l’Etat du Sénégal, une brigade d’utilité publique ? Le chantage peut marcher quand ce sont des privés, mais face à un corps régalien qui pose toutes ses actions dans la légalité, en plus de jouir de la force publique, le jeu est bien différent !
Les populations de Ngor, sous la conduite de leur maire, ont opposé à l’installation de la gendarmerie au niveau du site concerné, la nécessité de garder des aires vitales et la réserve foncière destinée à la construction d’une école. C’était bien noble comme argument et justifiait certainement l’ardeur que des jeunes ont montrée dans les rues à croiser le fer avec des Forces de l’ordre, malgré qu’ils soient informés sur une base fallacieuse. Les jours qui ont suivi les échauffourées de Ngor ont levé le voile sur un projet d’affectation, avec l’onction de l’équipe municipale, du site en question à des promoteurs pour la construction d’un espace commercial. Que peut-on penser d’une équipe municipale qui met au-dessus de la sécurité des populations d’une commune, l’attrait de recettes à percevoir sur un espace marchand ? Si les mairies, supposées être des entités à part entière de la machine d’Etat pour servir au mieux les populations à la base, mènent de sombres agendas dans lesquels des masses de jeunes sont embarqués aveuglément pour faire office de chair à canon, on peut bien désespérer.
Face aux levées de boucliers spontanées et à l’indignation bruyante des gens des réseaux, la Gendarmerie nationale a su rester droite dans ses bottes. Elle a empêché à Ngor que la République ne foute le camp. Elle a annihilé par sa posture, toute volonté future, partout dans le Sénégal, de s’opposer à des projets sécuritaires sur des bases fallacieuses et malicieuses. Le Général Moussa Fall, Haut-commandant de la Gendarmerie nationale, disait, après son installation en juillet 2021, vouloir «bâtir une gendarmerie ancrée dans les valeurs républicaines». La République sera reconnaissante à tous les hommes et femmes sous son commandement, qui tiennent ferme quand le chaos, la duperie et le mensonge ont fini de vouloir ronger toutes les colonnes de notre vie en communauté nationale.
Par Serigne Saliou DIAGNE – saliou.diagne@lequotidien.sn
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