Microouvert Daniel Bertrand Faye directeur du Festival international de danse Jakarlo : Chaque année on rencontre dénormes difficultés financières
Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. A 26 ans, Daniel Bertrand Faye, de son nom d’artiste Danny Popping, est le directeur du Festival international de danse «Jakarlo», le tout premier festival de danse urbaine en Afrique de l’Ouest. Danseur interprète depuis plus de 10 ans, sa ligne de conduite est d’offrir des opportunités aux danseurs locaux sur le plan international.
La 3e édition du Festival international de danse Jakarlo bat son plein. Parlez-nous un peu de ce festival et quelle est son ambition ?
C’est le tout premier festival de danse urbaine d’Afrique de l’Ouest qui regroupe plus de 10 pays pendant 7 jours, sous notre charge. L’objectif pour nous, c’est d’échanger entre danseurs et Dj autour de la danse urbaine pour offrir quelque chose de nouveau au public. Des gens viennent d’un peu partout, de plusieurs pays, afin de créer des ponts entre artistes danseurs, que ce soit dans la sous-région et au Sénégal. Cette année, la plus grande communauté vient du Canada et une grosse communauté est également venue de la France. Le Festival international de danse Jakarlo est un lieu idéal pour retrouver l’essentiel de la diversité chorégraphique entre artistes, afin d’offrir des opportunités aux danseurs locaux sur le plan international.
Les choses se déroulent-elles comme vous le voulez en termes d’amélioration, d’évaluation et d’organisation du festival ?
C’est la troisième année et en termes d’organisation, ça va au niveau de l’équipe. Ils ont maintenant plus d’expérience en termes d’organisation parce que ça demande beaucoup de travail. Donc, c’est vraiment un travail qui se fait sur une année. Notre planning maintenant, c’est à l’international, étant donné que beaucoup de gens paient leur billet à l’avance pour venir regarder le festival. Donc, tout ça, c’est beaucoup de travail derrière. Et pour faire des démarches financièrement, c’est hyper compliqué. On n’a pas le soutien de nos autorités sur le plan local, et même au niveau du gouvernement. Le festival n’est vraiment pas soutenu financièrement. Chaque année, ce sont les ambassades de France et d’Espagne qui nous soutiennent. Et c’est dommage qu’on n’ait pas le soutien de la Ville de Dakar. Nous demandons au ministère de la Culture de nous accompagner même si ce n’est pas financièrement, mais de contribuer sur quelque chose pour reconnaître le festival comme les gens qui viennent de l’étranger l’ont reconnu. C’est pour cela qu’à chaque année, on rencontre d’énormes difficultés financières parce que les gens qui viennent de l’étranger, ce sont plus de 30 personnes, voire 40, et qui sont à notre charge. Et en termes de nourriture, pendant une semaine, c’est un gros budget, mais à chaque fois, nous nous débrouillons au jour le jour pour maintenir le cap et essayer de faire évoluer les choses. On le fait parce que la danse c’est notre passion, notre vie.
Le thème de cette édition, c’est : «Le numérique au service de la danse.» Qu’est-ce qui vous a dirigé vers cette réflexion ?
Le numérique au service de la danse, j’ai vraiment pensé depuis très longtemps que l’utilité du numérique ne cesse de prendre de l’ampleur au niveau international. Et maintenant, si on sait que tout est digitalisé, numérisé, la danse n’y échappe pas. Donc, l’idée, c’est vraiment d’amener quelque chose de nouveau au niveau de la scène locale. Et c’est pour cela que je me suis penché sur ce thème. Donc, de dire qu’avec le numérique, on pourra capter plus de public en ligne, mais aussi à travers les réseaux sociaux pour plus de visibilité.
En tant que danseur-interprète, que représente pour vous l’art de la danse ?
A dire vrai, l’art de la danse, c’est plus fort que moi. La danse, c’est ma passion, ma vie. On a eu à faire nos études et développer beaucoup de projets, mais ce qu’on veut vraiment, c’est vivre de notre art, que la société nous reconnaisse en tant qu’artiste et qu’elle reconnaisse que l’art, c’est notre métier. Et nous avons vraiment besoin de visibilité en termes de danse. En tant que danseur, nous avons besoin d’avoir le statut qu’on mérite. Les gens qui viennent ici ont le soutien de leur Etat à travers des bourses de mobilité. Nous voulons aussi avoir cet accès pour pouvoir faciliter les échanges au niveau international, pour pouvoir partir ailleurs et se former, mais aussi découvrir d’autres cultures.
Justement, qu’en est-il avec la promotion des artistes locaux pour leur participation active au festival ?
Pour les artistes locaux, ils sont tout le temps présents. Ils sont présents pour prendre part aux workshops, rencontrer aussi les juges internationaux qui sont là, pour partager avec eux. Donc, les danseurs locaux sont là. Ils échangent au maximum, et c’est quelque chose de très important. A chaque fois, je dis que le festival ce n’est pas pour moi. Je le fais parce que j’aime organiser, réunir les gens autour de la danse qui est ma passion. Donc, c’est le festival de tout le monde. Le festival n’appartient pas à Daniel, mais au monde, au Sénégal. C’est un héritage à soutenir et à vraiment protéger pour notre communauté. C’est le tout premier festival qui invite beaucoup de jeunes en termes de danses hip-hop, contemporaine et traditionnelle. Le festival a maintenant un statut au niveau international. On est vraiment reconnu et il y a beaucoup de gens qui viennent pour le festival. Donc, l’idéal serait que la population puisse se rendre compte de sa popularité.
Et sur le plan économique, quel a été le budget du festival ?
Là, je ne peux pas donner de chiffre tellement qu’on n’a pas de budget. Et on sait que pour des festivals de ce genre, on a besoin de plus de 50 millions F Cfa. Mais même le 1/5, on ne l’a pas du tout. Donc, avec l’équipe, on est même obligés de lancer une cagnotte en ligne pour obtenir quelque chose et pouvoir combler nos dépenses. A chaque fois, on démarre très tôt notre communication, 6 mois à l’avance. Les démarches, 8 mois à l’avance, mais tout le temps, on n’a pas beaucoup de soutien. Et j’en profite pour remercier nos partenaires comme le Centre culturel Blaise Senghor qui nous ont donné leur espace gratuitement, avec la disponibilité de toute l’équipe du centre, avec le directeur Alioune Kéba Badiane qui ne cesse de nous soutenir. Nous remercions aussi l’Institut culturel français qui nous a accueillis pour la soirée du 7 juillet. Je remercie aussi ma mère qui m’a beaucoup soutenu. Des fois, on a problème de budget, elle sort son argent et appelle aussi des bonnes volontés pour aider.
Quels sont vos futurs projets ?
Nos futurs projets, c’est plus en termes de collaboration. Ça se penche sur la jeunesse, la nouvelle génération qui arrive. Donc, l’idée, c’est de créer des ponts avec l’international pour qu’on puisse vendre nos œuvres en termes de création, de danse et tout. L’idée même, à travers le festival, c’est d’inviter le maximum de directeurs artistiques, d’organisateurs d’événements pour qu’ils puissent venir voir le festival et essayer de trouver des échanges. Donc, on veut vraiment se pencher sur les échanges artistiques, amener des danseurs locaux sur le plan international et essayer de développer le festival d’année en année. Avec le festival, nous allons contribuer dans le social.
Propos recueillis par Ousmane SOW
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