La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a décidé de maintenir l’option militaire pour le retour de l’ordre constitutionnel au Niger. En sommet extraordinaire hier, l’organisation a ordonné l’activation immédiate de sa force d’intervention.
Par Dieynaba KANE – Les nerfs restent toujours tendus dans les différentes capitales ouest-africaines. Après l’échec de leur ultimatum lancé aux militaires au Niger de restaurer l’ordre constitutionnel avant le dimanche 6 août, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) se sont réunis hier à Abuja lors d’un sommet extraordinaire. A la fin de cette rencontre, l’organisation régionale a ordonné «l’activation immédiate de sa force d’intervention». Jeune Afrique va plus loin dans son site en soutenant que la Cedeao «a décidé, le jeudi 10 août, de retenir l’option d’une intervention militaire au Niger». L’information, précise la source, «a été confirmée à Jeune Afrique par un chef d’Etat de la région présent à la réunion». Jeune Afrique note dans son article que «la communauté ouest-africaine ouvre ainsi la voie à la mobilisation d’une force qui devrait être principalement composée de troupes nigérianes, mais aussi sénégalaises».
Il faut rappeler qu’après le putsch contre le Président Mohamed Bazoum au Niger, la Cedeao avait donné un délai d’une semaine à Abdourahmane Tiani et ses hommes de rétablir l’ordre constitutionnel. Dans les mesures annoncées, l’organisation n’avait pas exclu une intervention militaire.
A l’issue du sommet tenu ce jeudi, le chef d’Etat du Nigeria, président en exercice de la Cedeao, Bola Tinubu, a fait savoir que «toutes les options restent sur la table, y compris l’usage de la force en dernier recours». Toutefois, l’organisation a réitéré qu’elle privilégiait une résolution pacifique de la crise. S’inscrivant dans cette dynamique, le Président du Nigeria, à l’ouverture de cette rencontre, a déclaré que la négociation avec la junte au Niger doit être le «socle de notre approche». «Il est crucial que nous donnions la priorité aux négociations diplomatiques et au dialogue comme socle de notre approche», a-t-il souligné.
Cependant, cette intervention militaire est loin de faire l’unanimité au sein des pays de l’organisation. Par exemple le Nigeria, poids lourd de la Cedeao avec 215 millions d’habitants et qui partage une frontière avec le Niger, ses sénateurs ont appelé le Président Bola Tinubu à «renforcer l’option politique et diplomatique». Il faut noter que selon la Constitution du pays, les Forces de sécurité ne peuvent combattre à l’étranger sans l’aval préalable du Sénat, sauf exception en cas de «risque imminent ou danger» pour la sécurité nationale.
Vendredi dernier, les chefs d’Etat-major des Armées de la Cedeao avaient achevé leur conclave de trois jours à Abuja pour échafauder les contours de l’opération militaire agitée par les chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest. Evidemment, les putschistes au pouvoir au Mali, au Niger, au Burkina Faso ont refusé de souscrire à cette opération et annoncé pour certains qu’ils vont soutenir Niamey. C’est une question de solidarité entre militaires au pouvoir, car les nouvelles autorités nigériennes ont envoyé à Bamako le numéro 2 de la junte. Et vice-versa !
Après la Gambie, ce sera une deuxième intervention militaire de la Cedeao au nom de la démocratie. Sans doute, le Nigeria, qui assure la présidence de la Cedeao, sera la locomotive de cette force, si elle doit intervenir. Il y aurait la Côte d’Ivoire, le Bénin, et aussi le Sénégal qui a annoncé sa participation à une éventuelle opération. Concernant une éventuelle intervention militaire de la Cedeao, le Sénégal, par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, a fait savoir qu’il serait prêt à envoyer des soldats au Niger. Lors d’une conférence de presse du gouvernement, Me Aïssata Tall Sall a expliqué cette prise de position de notre pays. Selon la cheffe de la diplomatie, le Sénégal est membre de la Cedeao et ne va pas se «soustraire aux décisions que la Cedeao au Sommet des chefs d’Etat prend». Dans la même veine, elle avait déclaré que c’était «le coup d’Etat de trop».
A cet écueil, il faut ajouter le soutien du Burkina Faso et du Mali au Niger, deux pays dirigés par des putschistes et suspendus de l’organisation. Les juntes au pouvoir dans ces deux pays ont prévenu qu’elles seraient solidaires du Niger et que toute intervention armée serait considérée comme une «déclaration de guerre» à leur encontre.
Aujourd’hui, les sanctions financières de la Cedeao commencent à peser sur le Niger. Avec la suspension de «toutes les transactions commerciales et financières» entre ses Etats membres et le Niger. Il est aussi envisagé le «gel des avoirs pour les responsables militaires impliqués dans la tentative de coup d’Etat», Niamey commence à sentir les contre-coups de ce coup d’Etat.
Avec toutes ces difficultés dans la région ouest-africaine, notamment la menace djihadiste, la Cedeao ira-t-elle jusqu’au bout pour rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions ?
dkane@lequotidien.sn
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