Exonérations fiscales pour la presse et le tourisme

En accédant à leur requête d’exonérations, le chef de l’Etat a néanmoins demandé aux acteurs des secteurs concernés de faire aussi des efforts de leur côté.

Il a accepté d’accorder des exonérations fiscales aux secteurs de la presse et du tourisme, fortement sinistrés par la pandémie du Covid-19. Mais le chef de l’Etat en a profité également pour dire leurs vérités à certains responsables d’entreprises, dans ce secteur. Ceux qui attendent l’appui de l’Etat ont aussi intérêt à montrer qu’ils le méritent. Ainsi, concernant les entreprises du secteur touristique, qui font face à un marasme de grande ampleur, et dont l’un des plus éminents représentants, Mama­dou Racine Sy, qui dirige la Fédération des organisations patronales de l’industrie touristique et hôtelière du Sénégal (Fopits), la plus grosse entité patronale du secteur, demandait rien moins qu’«un plan Mar­shall pour le secteur», Macky a accédé à la demande d’exonérations fiscales pour 2020 et 2021. Mais il n’en attend pas moins des acteurs également. Prenant exemple sur la promotion touristique, qui est confiée à l’Agence sénégalaise pour la promotion du tourisme (Aspt), il a rappelé qu’une partie des recettes de cette structure provient de la taxe sur les nuitées, perçue par les hôteliers. Mais, a déploré Macky Sall, «on a du mal à recouvrer». Cela lui a permis d’em­brayer : «On doit se dire certaines vérités entre amis. Il n’y a pas que l’Etat qui ne fait pas ce qu’il doit faire. Au niveau de certains secteurs, il doit y avoir plus d’efforts, plus de contribution dans l’économie nationale.» Même si les oreilles de certains ont sifflé, le message a dû passer.
On ne sait pas si le Président trouvera la même capacité d’écoute auprès des autres interlocuteurs cités, ceux de la presse nationale. Là aussi, en accédant à leur requête d’exonérations, pour la même durée que le secteur touristique, il a indiqué : «Nous allons retenir la requête des entreprises de presse, pour les lignes de garantie sollicitées. Mais pour cela aussi, comme l’a indiqué la Bceao, il faut que les entreprises se structurent, qu’il y ait une comptabilité normale, que les employés soient recrutés, inscrits à l’Ipres. Il faut formaliser l’activité. L’Etat peut mieux aider, mais on ne peut pas aider des entreprises que l’on a du mal à identifier, sans comptabilité. Si on arrive à faire cela, je pense que nous pourrons mieux intervenir pour accompagner.»
L’appel du chef de l’Etat a été salué par tous les acteurs, même si l’on sait que quelque part, les pouvoirs publics non plus, n’ont jamais joué franc jeu avec la presse. Si la situation s’est dégradée dans le secteur des médias, on a le sentiment que les représentants de l’Etat trouvent aussi leur compte quelque part. Pour faire bref, on pourrait noter que les critères d’attribution de l’aide à la presse, tels que fixés par la loi, ont été allègrement violés depuis des années, au grand dam des organisations de presse ayant pignon sur rue et qui respectent la législation. Mais sur ce point, les régimes politiques changent, les mêmes turpitudes persistent. Une manière de dire que le Président ferait aussi bien de commencer par balayer devant sa porte !



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