La rapidité avec laquelle des vaccins contre le Covid-19 ont été annoncés peut laisser perplexe et pousser certains au scepticisme, mais les recherches «ne datent pas d’aujourd’hui», universitaires et chercheurs étant parvenus à séquencer le génome complet du coronavirus «dès janvier 2020», ce qui constituait l’étape la plus longue et la plus difficile pour aboutir à un vaccin, explique un biologiste sénégalais. Ababacar Diouf estime que «toutes les étapes de fabrication d’un bon vaccin ont été respectées» dans tous les cas. Il a donné l’exemple des vaccins des firmes Pfizer et Moderna, qui ont commencé à être administrés à des personnes vivant en Europe et aux Etats-Unis. «C’est normal aujourd’hui que les gens se posent des questions et restent sceptiques en raison des délais qu’on peut trouver assez courts pour la mise au point des vaccins, mais il faut savoir que les coronavirus sont apparus depuis longtemps ; d’abord chez les animaux avant de muter chez l’homme pour la première fois en 2020 en Chine», a-t-il expliqué dans un entretien avec l’Aps.
Cet ancien employé de l’Institut Pasteur de Dakar pendant 10 ans travaille depuis 2004 en tant que senior biologiste au National institute of health (Nih), une agence de recherche médicale faisant partie du ministère américain de la Santé et des services sociaux, le plus grand institute recherche biomédical au monde. Il a entamé une collaboration scientifique avec Moderna à partir de janvier 2020 pour trouver le vaccin contre le Covid-19.
Selon le biologiste, aussi bien Moderna que Pfizer ont utilisé l’Arn messager pour «aller plus vite» ; les Arn messagers étant des molécules chargées de transmettre l’information codée dans le génome pour permettre la synthèse des protéines nécessaires au fonctionnement des cellules. Les deux laboratoires ont ainsi décidé de se focaliser sur l’Arnm1273 à partir de janvier 2020 pour développer un vaccin contre le Covid-19, a indiqué M. Diouf, donnant des assurances concernant «la fiabilité des vaccins» annoncés.
Alors, la technique traditionnelle de fabrication des vaccins consiste à injecter un virus inactivé (ou atténué) pour que le corps apprenne à s’en défendre, la technique de l’Arn messager consiste, elle, à envoyer un message à l’organisme sous la forme d’un morceau d’Adn, a-t-il expliqué. Le but est d’inciter l’organisme à fabriquer lui-même une fraction inactive du virus, puis des anticorps pour lutter contre le virus en question, selon le chercheur.
«Dans un vaccin traditionnel, le virus est injecté pour susciter une réponse immunitaire. Pour le vaccin à Arn messager, pas de virus, mais uniquement les informations le concernant pour susciter cette même réaction», a-t-il précisé. Une méthode qui, en théorie, rend «l’administration du vaccin beaucoup plus sûre» et constitue un moyen «d’aller plus vite dans son élaboration», selon M. Diouf. «La recherche est allée vite puisque les chercheurs, dans les universités comme au sein de Nih, avaient planché sur le virus depuis 2009 et avaient déjà une idée de là où il fallait commencer», a-t-il dit.
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