Babacar Ngom et Abdoulaye Dia sont deux industriels sénégalais. De par leurs parcours socioprofessionnels et réalisations, ils méritent et doivent inspirer respect et considération, voire même être proposés comme modèles de réussite sociale et économique. Deux champions nationaux dont on se glorifie.
Les deux se sont fait une bonne image dans la société, à partir d’un secteur ou un milieu où la concurrence est rude et où il est difficile de garder intacte son image. Mais voilà, les deux ont connu deux trajectoires socio médiatiques qui ont impacté leur image dans une société où la réussite est «blâmable».
Pour les deux, l’élément déclencheur de la crise a été le foncier. Les médias se sont naturellement chargés de son amplification nationale. Mésaventure pour l’un et aventure pour l’autre, la gestion et l’issue de ces deux cas de crise renseignent que qu’ils ont tous développé une démarche diamétralement opposée.
Babacar Ngom, dans l’affaire dite de Ndingler, a été présenté comme un délinquant foncier. Il s’en est suivi un lynchage médiatique sans qu’un dispositif de communication de crise efficace ne vienne atténuer les coups et réparer les dégâts. Certains Sénégalais ont même appelé au boycott des produits de son entreprise. Mon œil !
Abdoulaye Dia, confronté au même élément qui aurait pu lui porter préjudice, a su gérer, en toute discrétion, jusqu’à obtenir gain de cause à la justice. Son ingéniosité ou celle de ses conseillers en communication repose sur la réussite dans la réparation du «contentieux» avec ses antagonistes : il a honorablement renoncé à sa victoire.
La surmédiatisation de l’affaire Ndingler, le retard de réaction de M. Ngom, l’ignorance du contexte, l’impréparation face à la crise, l’approche communicationnelle, le discours long et inapproprié et tous les autres facteurs ont contribué à présenter Babacar comme un milliardaire impitoyable face à des paysans démunis.
La parade devant un panorama de journalistes (certains convaincus qu’il avait tort et donc venus l’achever), dans un endroit huppé, la relation de la «location» de gendarmes pour la sécurisation de ses investissements et ses montants ont été des maladresses et même un coup porté à l’image de nos Forces de défense et de sécurité.
Jusqu’à preuve du contraire, je suis convaincu que Babacar Ngom était dans son droit, mais il a été une proie médiatique au préjudice de son image. Je reste également convaincu que Abdoulaye Dia était dans son droit, mais il s’en est sorti indemne. Babacar Ngor et Abdoulaye Dia, ce st deux approches «foncièrement» opposées dans la gestion de la crise.
Conséquences : l’un a pris un sacré coup socio-politico-médiatique. Son image a été mise à rude épreuve, peut-être même que son entreprise a été impactée. Le second a été présenté comme un gentleman, un homme de cœur. Il est plébiscité et son entreprise bénéficie d’une pub gratuite dans les médias sociaux.
La communication est une science. Elle ne garantit pas l’immunité, mais elle aide à éviter des coups, à en atténuer l’impact et à transformer les crises en opportunité pour réparer les dégâts, se relever et repartir vers un avenir plus prometteur. Ceux qui l’ont compris gèrent leur image. Ceux qui l’ignorent encore sont avertis.
Mamadou Lamine BA
Consultant en Médias et Communication
barhamaba@gmail.com
from Lequotidien Journal d'informations Générales https://ift.tt/39sYLob
Commentaires
Enregistrer un commentaire