De la nécessité de réformer les programmes d’enseignement dans nos écoles

Le suivi de l’émission «Kinkéliba» (dont je félicite l’équipe au passage) sur la baisse du niveau des élèves et leur réfraction à la lecture m’offre l’occasion de revenir sur notre système éducatif hérité de la colonisation française, qui aujourd’hui a montré toutes ses limites, car étant en dehors des réalités socio culturelles et économiques de notre pays.
En effet, n’oublions pas que nous sommes dans un pays avec une forte communauté musulmane et auparavant, dans les années 1960, voir 1970, le passage à l’école coranique était obligatoire dans nombre de familles avant d’aller à l’école française, certaines familles refusaient carrément l’école française (particulièrement chez mes parents Hal Pulars). Pour les chrétiens aussi, le catéchisme (apprentissage à la Bible est obligatoire).
C’est pourquoi d’ailleurs, même aujourd’hui, beaucoup d’enfants sont formés dans les daaras à l’apprentissage du Coran.
Par conséquent, nous sommes un peuple très attaché à la religion et l’Etat doit en tenir compte dans les enseignements dispensés. Il est vrai que l’enseignement religieux avait été introduit dans les programmes scolaires des écoles primaires, mais c’est à voir si cela est toujours pris en compte.
L’autre aspect, c’est le contenu des programmes qui n’ont pas beaucoup varié depuis les indépendances. Malgré les Assises sur les Etats généraux de l’éducation, l’école continue de former des chômeurs, particulièrement avec le boom démographique noté ces dernières années et le dernier recensement de l’Ansd, 63% de la population a moins de 19 ans.
En effet, le cycle est trop long avec beaucoup de classes : de la classe de Ci à la Terminale, on peut passer 12 ans. Et si on ajoute le cycle universitaire, on sera à 16 ans d’études pour un parcours sans doublement d’une seule classe. C’est long et l’Etat doit, avec les acteurs de l’éducation, s’orienter vers le système anglophone plus court et beaucoup plus performant en évitant la sélection abusive qui jette dans les rues des milliers d’écoliers entre le cycle primaire, secondaire et universitaire.
Aussi pour le cycle primaire on pourra, pour les classes d’initiation, fusionner Ci et Cp, pour l’élémentaire Ce1 et Ce2, pour les classes d’enseignement moyens maintenir Cm1 et Cm2.
Idem pour le cycle secondaire, 6ème et 5ème, maintenir 4ème et 3ème étant donné qu’à ce niveau le programme sur l’enseignement des mathématiques est très important.
Pour le contenu, il faut avoir à l’esprit que nous sommes des pays où l’agriculture, l’élevage, la pêche sont des secteurs qui utilisent l’essentiel de la main-d’œuvre active et nous devons corréler l’enseignement avec les besoins de notre économie. L’industrie n’est pas encore très développée et a besoin de la croissance de ces secteurs pour son développement.
La réalité aujourd’hui est que beaucoup de jeunes sortent avec des diplômes qui n’ont rien à voir avec les besoins économiques. Ainsi, une armée de chômeurs est déversée sur le marché de l’emploi et cela devient un véritable casse-tête pour les pouvoirs publics. Surtout avec la profusion de création d’écoles de formation dans l’enseignement supérieur qui n’ont pas toujours toutes les compétences dans l’ensemble des filières et cela exacerbe les formations au rabais.
C’est pourquoi la décision des autorités de supprimer l’orientation des bacheliers dans les universités privées est à saluer, si tous les moyens sont mis en œuvre pour une meilleure qualité des enseignements.
Donc il faut attaquer le mal à la racine, réformer le système à l’heure du numérique, de l’internet, alléger les enseignements sur le français, la philosophie, la géographie, l’histoire et se concentrer sur la formation de métiers pour assurer un développement harmonieux de nos pays qui regorgent de ressources à transformer au lieu de les exporter. Et pourquoi pas introduire l’anglais dans les programmes très tôt, car c’est la langue internationale ?
Le colonisateur a fait exprès de dévoyer la formation pour nous maintenir dans les liens de la dépendance, alors qu’en réalité ce sont nos ressources qui enrichissent leur économie par le biais de l’exploitation et du rapatriement des bénéfices dans leur pays, de l’échange inégal, comme le disait Samir Amine.
Nous devons aussi insister sur l’utilisation de nos langues, surtout pour la formation des tout-petits, pour une meilleure compréhension et pour booster aussi la fibre patriotique. L’exemple du Japon, de la Chine et de la Corée est là pour le prouver à suffisance.
En réalité, nous devons réviser tous les textes hérités du colonisateur dans le domaine fiscal, électricité, industrie, agriculture pour les adapter à notre réalité socio-économique pour prétendre rivaliser avec les pays anglophones d’Afrique qui nous dépassent de loin sur le plan économique.
Nous ne sommes pas pauvres, mais nous sommes spoliés par l’Occident et nous devons revenir sur les termes de notre coopération en tenant compte de nos intérêts nationaux concernant les accords de prêts, les différents codes d’investissement, minier, exploitation des terres, de la mer etc. Prenons exemple sur les pays magrébins, comme le Maroc qui a un Code des investissements attrayant, mais qui sauvegarde l’intérêt du Maroc.
Citoyenne Haby DIENG



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