Dans de graves difficultés financières et sous la menace d’une grève, la compagnie nationale tunisienne vient de se séparer de sa Pdg, récemment nommée.
Tunisair vient d’échapper de peu à une saisie conservatoire de ses comptes bancaires, synonyme de l’arrêt de son activité. La dette d’une vingtaine de millions d’euros, objet du litige, est due à la société turque Tav, qui gère les aéroports d’Enfidha-Hammamet et de Monastir. Un rééchelonnement des loyers et des redevances impayés à Tav (dont le groupe Adp est actionnaire majoritaire) a été négocié par le ministre des Transports Moez Chakchouk. Peu après, un communiqué du même ministère des Transports, publié lundi dernier, annonçait que Olfa Hamdi, Pdg de Tunisair, était officiellement démise de ses fonctions. Un Pdg de plus après ceux démis en juillet et octobre 2020.
Un bien court mandat pour la jeune Pdg…
Olfa Hamdi, 35 ans, n’aura dirigé la compagnie que six semaines. Sans aucune expérience du transport aérien, la jeune femme avait plus un profil de haut fonctionnaire. Après un Master en sciences mécaniques et ingénierie de l’Ecole centrale de Lille, elle poursuivit ses études aux Etats-Unis avec un diplôme supérieur obtenu à la Texas School of Law ainsi qu’un Master de management de grands projets industriels de l’Université de Texas à Austin. Une préparation uniquement doctrinaire très éloignée de la gestion de crise au quotidien qui l’attendait à Tunisair. La compagnie nationale affiche un déficit d’un milliard de dinars (310 millions d’euros).
Parmi les missions de la Pdg figurait la restructuration d’un transporteur en sureffectif avec environ 7 800 employés pour une flotte théorique de 28 avions. Tunisair emploie ainsi 280 personnes par avion alors que la norme mondiale est de 80. De plus, seulement six à huit avions sont actuellement opérationnels, selon le ministère. Les appareils cloués au sol en raison de la chute du trafic liée à la pandémie ont au moins l’avantage de fournir des pièces détachées pour ceux en service. Cela évite de faire appel à une trésorerie exsangue pour régler en devises des fournitures importées.
… licenciée sans explication aucune
Le limogeage de Olfa Hamdi n’est pas clairement explicité par le ministère de tutelle qui évoque des problèmes de communication et des fuites d’informations. En cause, le puissant syndicat majoritaire, l’Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt), opposé à la restructuration qui prévoyait 4 800 licenciements, a lancé un mot d’ordre de grève. «Si je suis ici, c’est pour réussir», avait déclaré la jeune femme à son arrivée aux commandes de la compagnie. Le secrétaire général de l’Ugtt avait alors accusé Olfa Hamdi de faire du populisme.
Le Point
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