Présidence des Assises nationales : Amadou Makhtar Mbow amorce la chute de Wade en 2008

En juin 2008, Amadou Makhtar Mbow présidait les Assises nationales, initiées par l’opposition au Président Abdoulaye Wade. Des concertations inédites qui ont connu un grand succès et amorcé le début de la fin du régime libéral.

La démarche est inédite voire historique : organiser des concertations sur l’avenir du Sénégal à la place du gouvernement. Au sortir de l’élection présidentielle où l’opposition sort groggy après la réélection du Président Abdoulaye Wade en février 2007, les adversaires du régime se cherchent. Plus d’un an après, le Front Siggil senegaal, dont les membres avaient boycotté les Législatives de juin 2007, décide de mettre sur pied les Assises nationales du Sénégal. Pour marquer le coup, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho et autres portent leur choix sur Amadou Mahtar Mbow. Personnalité reconnue, AMM est devenu avec l’âge un monstre sacré de la Société civile. Ministre sous la loi cadre, enseignant au lycée Faidherbe, au collège Blanchot, Professeur à l’Ecole normale supérieure et ministre lors des évènements de 1968, il donne un second souffle à cette opposition qui retrouve des couleurs en mettant la pression sur Wade.
Le chef de l’Etat à l’époque déclare que tous ceux qui participent à ces concertations sont contre lui. Une unité de l’opposition qui va sonner le début de la fin du règne de Wade. Avec d’autres membres de la Société civile et du patronat, M. Mbow qui fête ses 100 ans aujourd’hui tient un discours rassembleur. «Ces Assises ne sont ni un prétendu complot, terme inacceptable et totalement inapproprié. (…) Ces Assises sont encore moins un coup d’Etat, expression infiniment choquante et réprouvée par les citoyens indéfectiblement respectueux de la légalité républicaine», répliquera-t-il lors du lancement des Assises le 1er juin 2008. Amadou Makhtar Mbow et ses hommes terminent le travail le 24 mai 2009, dressant un rapport d’une cinquantaine de pages. Les travaux auront passé au peigne fin tous les secteurs de la vie économique et sociale. De la justice à l’agriculture, au fonctionnement des institutions, ou les pouvoirs du président de la République, les acteurs proposent des solutions.
Ce succès de ces Assises va largement contribuer à la victoire de l’opposition dans de grandes villes lors des Locales du 22 mars 2009. Khalifa Sall du Ps récupère la Ville de Dakar, Madieyna Diouf de l’Afp est maire de la Ville de Kaolack, Me Jacques Baudin du Ps s’empare de la Ville de Diourbel tandis que Cheikh Bamba Dièye du Fsd/Bj prend les rênes de la Ville de Saint-Louis. Thiès rebascule entre les mains de Idrissa Seck qui, par contre, n’était pas des Assises nationales. En présentant le rapport comme leur programme de gestion en cas de victoire à la Présidentielle de février et mars 2012, les candidats de l’opposition mettent fin au règne de Wade. Macky Sall, entre les deux tours de l’élection du 25 mars 2012, se rend chez AMM et se présente comme «le porte-étendard des Assises nationales».
L’ancien directeur général de l’Unesco est porté par le Président Macky Sall à la tête de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) au lendemain de la deuxième alternance. Malgré ses 91 ans, M. Mbow parcourt le pays et s’inspire des travaux des Assises pour formuler un avant-projet de Constitution dont certains points seront insérés dans le Référendum du 20 mars 2016. Depuis, il s’est retiré de la vie publique.



from Lequotidien Journal d'informations Générales https://ift.tt/3cVoCWl

Commentaires