A son arrivée au pouvoir en 2012, le Président Macky Sall avait fait de la baisse du coût de la vie, l’un de ses principaux combats. Il en avait d’ailleurs annoncé la couleur avant même sa prise de fonction, à travers son programme Yoonu Yokkuté, et les déclarations de campagne. Dès les premiers mois de son magistère, le chef de l’Etat a initié une politique fiscale et de contrôle de prix, qui ont conduit à un gel des prix des produits alimentaires de première nécessité tels que le riz, le sucre, l’huile, le pain, entre autres. Malgré une conjoncture internationale assez compliquée, le Sénégal n’a pas vu flamber sa facture pétrolière. Les efforts réalisés dans l’assainissement de la Senelec, n’ont pas conduit à une augmentation des tarifs de courant. Au point que le Fmi se plaignait que ce faisant, le gouvernement subventionnait en fait le courant des ménages les plus riches… Sans copier la France, Macky était vraiment le Président du coût de la vie.
Se souvenant sans doute de son passé maoïste, le Président Sall a même fait voter une loi pour réguler le prix des loyers. Plusieurs ménages en ont senti les effets bénéfiques, avant qu’une négligence coupable permette à certains bailleurs de contourner ladite loi, et de reprendre le cycle de hausse des prix du loyer, particulièrement à Dakar.
La même négligence coupable, pour ne pas dire la désinvolture dans la conduite des questions d’ordre social et économique, nous a conduits au point où nous en sommes aujourd’hui, à nous demander s’il y a un timonier au gouvernail du navire Sénégal. Depuis plusieurs mois, tous les produits de consommation courante ont connu une forte augmentation. Rien n’a été épargné. Et pour des produits aussi stratégiques que le sucre par exemple, une politique pernicieuse de rétention a été mise en place par certains distributeurs, dans l’intention semble-t-il de créer une pénurie qui devrait contraindre les pouvoirs publics à leur accorder des avantages fiscaux. Au détriment bien sûr, du consommateur.
Et on nous dit que le président de la République aurait à plusieurs reprises, interpellé la ministre du Commerce sur la question. Ce qui, au regard de la situation, nous semble difficile à avaler. Il n’est pas compréhensible, dans un régime présidentiel aussi centralisé que le nôtre, qu’un ministre puisse faire peu de cas des directives présidentiels, et qu’il reste plus longtemps en place.
Et s’il ne s’agissait que de cela. Beaucoup ont vu des horticulteurs des Niayes en train d’enterrer leur production d’oignons, faute de pouvoir les écouler. Dans le même temps, le prix de ce produit connaît une hausse sur le marché, sous prétexte de rareté. Il y a vraisemblablement quelque chose qui ne tourne pas rond dans le système économique.
Après être longtemps restée en hibernation, insensible aux plaintes conjuguées des producteurs, distributeurs, commerçants et consommateurs, la ministre Aminata Assome Diatta a convoqué pour ce matin, un Conseil national de la consommation. Une manière sans doute de démentir ceux qui l’estimaient peu préoccupée du sort de ses concitoyens. Il faut souhaiter qu’elle ait enfin compris que c’est leur bien-être et leur satisfaction qui justifient sa présence à la tête de son département ministériel. Quoi qu’il puisse en être, à quelques mois d’échéances électorales majeures pour son camp politique, ni la ministre ni son Président n’ont intérêt à donner l’impression de traiter par-dessus la jambe les problèmes des Sénégalais. Il est important, pour un dirigeant, même quand on n’a pas toujours de solutions, de donner l’impression que l’on n’est pas indifférent aux soucis de ses compatriotes. Macky Sall semblait l’avoir compris de 2012 à 2019. Aurait-il besoin qu’on le lui rappelle ?
Par Mohamed GUEYE – mgueye@lequotidien.sn
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