Les temps sont difficiles à la Radiotélévision du Sénégal (Rts). Au moins une cinquantaine d’agents (journalistes, chauffeurs et techniciens) ont été demis de leurs fonctions au sein de la Rts ou appelés à d’autres. Pour les syndicalistes de la boîte, c’est Racine Talla, le directeur général, qui serait derrière ce jeu de chaises musicales qui concerne des agents qui ont refusé de signer leur adhésion au tout nouveau «syndicat» mis en place.
Par Ousmane SOW – La crise qui secoue la Radiotélévision du Sénégal (Rts) est loin d’avoir trouvé son épilogue. Après l’épisode de la plainte déposée par le directeur général Racine Talla contre certains syndicalistes de la boîte, ce sont des mouvements au sein du personnel qui installent le malaise. Ces dernières semaines, un jeu de chaises musicales a été constaté. Des agents, et pas des moindres, ont été rétrogradés. Parmi eux, des chefs de station et de département ou des animateurs d’émissions bien suivies. Joint par téléphone, Habibou Mbaye, membre de la section Rts du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics), liste des chefs de station : Amadou Bassirou Sylla de Saint-Louis, Véronique Diouf de Fatick, Elisabeth Agnès Sarr de Kaolack, Awa Cissé de Kaffrine et Oscar Tendeng de Kédougou. D’autres responsables sont aussi concernés, à savoir Ismaïla Diop, animateur de l’émission à succès Degn koumpe, Benoît Badiane, chef du service Sport à Radio Sénégal international (Rsi) ou Pape Malick Ndao du même média. Toutes ces têtes ont été coupées par le directeur général Racine Talla, renseigne M. Mbaye qui explique qu’il leur est reproché «d’avoir refusé de signer leur adhésion au nouveau syndicat». «La direction générale avait décidé de mettre en place un syndicat parallèle. Ce syndicat-là est un mouvement de soutien au Dg. C’est tout et c’est comme ça qu’on l’appelle ironiquement à la Rts», révèle Habibou Mbaye qui précise que presque tous les agents qui ont été rétrogradés n’ont pas signé cette fiche d’adhésion. «On est tous rétrogradé. Notre seul tort, c’est d’être syndicalistes. Mais pour les autres, on vous appelle et on vous demande de signer. Si vous ne signez pas, on vous affecte. Pour un syndicat qui n’est même pas encore créé ni reconnu», a-t-il ajouté. Pour rappel, il y a déjà deux syndicats à la Rts : le Synpics et la Cnts.
«Dictature, intimidation et peur», c’est ainsi que Habibou Mbaye qualifie ces décisions. «Le Dg, pour faire face au Synpics et à la Cnts, a instrumentalisé des gens pour qu’ils créent un nouveau syndicat», dit-il. Très remonté, il souligne que le combat syndical va se poursuivre jusqu’à ce que ces agents qui ont été démis de leur fonction soient rétablis, que l’accord d’entreprise soit signé, mais aussi que les menaces et intimidations cessent au niveau de la Rts. «La peur est aujourd’hui dans cette maison. On ne va pas se laisser faire. On est des syndicalistes et des délégués du personnel. Un syndicaliste qui ne revendique pas n’en est pas un.» Il informe que d’autres actions plus intenses seront menées pour arrêter cette «dictature».
Chefs de station demis de leurs fonctions
Parmi les chefs de station demis de leurs fonctions, Amadou Bassirou Sylla de Saint-Louis, Véronique Diouf de la Station de Fatick, Elisabeth Agnès Sarr de Kaolack, Awa Cissé de Kaffrine et Oscar Tendeng de Kédougou, entre autres. Bassirou Sylla, l’un de ses chef de station et par ailleurs délégué du personnel, dit de ne pas être dans cet antagonisme : «Je n’ai aucune amertume, aucune rancœur contre la direction générale, contre les directeurs. Mais il ne faut pas que l’on participe à l’effondrement de nos institutions», déclare-t-il avant d’expliquer : «On a été destitué et on passe maintenant au statut d’agent simple. Et ils nous ont reversés à la rédaction sans nous préciser ce qu’on doit faire là-bas.» Toutefois, il estime que le débat n’est pas dans un tiraillement entre direction générale et employés. «Le débat est beaucoup plus profond que ça. Et c’est la crédibilité de notre pays qui en dépend. On ne peut pas être au-dessus des textes et des lois. Eux, s’ils sont au-dessus des textes pour prendre sur eux la responsabilité de démettre des gens qui ne sont pas avec eux dans un syndicat, nous aussi avons le droit de ne pas adhérer à ce syndicat, mais également on a le droit de réclamer notre poste de travail. C’est une décision qui est attaquable. Et on peut bel et bien les attaquer à l’Inspection du travail, les amener au Bureau international du travail (Bit)», lance-t-il.
«Les amazones du centre»
Comme pour confirmer ses dires, Véronique Diouf, chef de station à Fatick, de renchérir : «Quand j’ai reçu la fiche, j’ai dit que je ne vais pas signer parce que je suis dans le Synpics depuis que je suis à la Rts. Et c’est le Synpics que je connais, car c’est un syndicat qui est reconnu au niveau national. Donc je ne peux pas me démarquer du Synpics pour adhérer à un nouveau syndicat. Et c’est ce qui m’a valu aujourd’hui de ne plus être la chef de département de la station régionale de Fatick. Et ce qui est injuste dans tout cela, c’est que ce n’est pas tout simplement nous les chefs de département qui n’avons pas signé cette fiche d’adhésion. Dans les autres stations régionales, il y a d’autres agents qui n’ont pas signé et qui sont maintenu à leurs postes». Surnommées Les amazones du centre par le Directeur général Racine Talla, les trois femmes à la tête des stations de Kaolack, Kaffrine et Fatick ont été rétrogradées.
Stagiaire
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