Cours magistral inaugurant la session 2021-2022 du Master Défense et sécurité : Pr Serigne Diop invite les Africains à se départir des effets de la colonisation

Par Justin GOMIS – «L’Etat : de la théorie à la réalité au Sahel»,  c’est le thème choisi pour le Cours magistral de l’ouverture de la session 2021-2022 du Master Défense, sécurité et Paix. Le professeur Serigne Diop, qui avait l’honneur d’animer ce cours,  est revenu d’emblée sur le sens de l’Etat. Selon l’ancien médiateur de la République, les hommes ont décidé de sortir de l’état de nature pour aller vers l’état civil. La raison, indique le professeur Diop, c’est que l’homme ne peut pas vivre dans un état naturel, mais il est obligé de vivre en société.  Mais, «tous les Etats ne sont pas des nations», s’empresse-t-il de préciser.
«On se réfugie derrière l’approche sociologique qui nous est imposée par les puissances occidentales, mais qui ne nous est probablement pas utile», fait remarquer le Pr Diop, qui a pris l’exemple sur la délimitation des frontières.
A l’en croire, quand il y a un litige territorial, c’est la Cour  internationale de justice qui est saisie.  L’ancien médiateur de la République trouve aussi que la Nation n’est achevée nulle part dans le monde. «C’est une conquête, un plébiscite de tous les jours», dit-il. D’après lui, il y a des Etats dont la composition est plus fragile que les autres. Mais, la question qu’on doit se poser aujourd’hui est de savoir pourquoi les hommes ont senti le besoin de créer un Etat  et de se soumettre au droit ?  Est-ce que nous avons des Etats légitimes en Afrique ?
Pour assurer la légitimité de l’Etat, souligne le Pr Diop, il faut avoir la capacité en externe et en interne. Seule condition de sérénité, poursuit-il. Cepen­dant, précise-t-il,  «même si la capacité est un intérêt pour tous les pays du monde, il n’y a pas de pays capable à 100%».
Notre problème fondamental, souligne Serigne Diop,  c’est la capacité interne. «C’est là où nous avons des problèmes», remarque-t-il, en prenant l’exemple sur le Mali qui n’arrive pas à assurer la sécurité dans l’intégralité du territoire. Et ce sont les terroristes qui donnent à manger aux populations, qui créent des écoles pour elles.  «Si nous voulons être un Peuple, nous devons aborder le processus de décolonisation», conseille-t-il en outre.
Et c’est dans ce sens qu’il a invité les autorités africaines à sortir de la situation où elles se trouvent depuis la période coloniale. «Il nous faut dépasser l’ordre dans lequel nous sommes installés depuis les périodes coloniales. J’ai le sentiment que les élites africaines se sont confortablement  installées dans cette situation», s’est désolé l’ancien médiateur de la République, d’après qui, le système a fait que les intellectuels africains se sont installés dans un confort. «L’homme colonial nous a installés au fond de la fosse. Et c’est du fond de la fosse que nous devons bondir», croit-il. Car pour lui, c’est une situation lourde de conséquences et porteuse d’instabilités. Le Pr Diop est d’avis que les «Africains doivent avoir le courage de reconsidérer l’ordre établi», en ce sens qu’il ne nous permet pas de «réaliser les projets et programmes que nous souhaitons pour nos populations», a-t-il conclu.
justin@lequotidien.sn

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