#Matam – Bataille de leadership : Farba-Malick Sall : duel à distance

Un duel à distance entre Farba Ngom et Malick Sall se dessine pour le contrôle du département de Matam. Ces deux frères de parti se crêpent le chignon à travers des manœuvres internes et souterraines. Si l’un, en l’occurrence Farba Ngom, veut jalousement conserver son leadership de coordonnateur départemental, l’autre, Malick Sall, chercherait à s’imposer comme leader, chef du département. L’enjeu c’est après les Locales, notamment lors de la Présidentielle à venir. Chacun veut continuer à exister en restant incontournable. Malick Sall installe ses pions un peu partout dans le département. La «guerre» fratricide risque d’y avoir lieu.

Le leadership du «tout-puissant» Farba Ngom est-il menacé à Matam ? Le député, proche de Macky Sall, serait-il sous pression ou menace de… ? En tout cas, cette double interrogation à tout son pesant.
Farba Ngom est une bête politique à l’image de son mentor Macky Sall. Il a jusque-là respecté la consigne édictée par le chef sur les investitures. Mais, à quelques jours de la publication des listes, il manœuvre ferme et met la pression en montrant sa popularité et l’unanimité autour de sa personne. C’est un stratège en politique, qui a su s’imposer en quelques années comme chef de tous les responsables politiques de Matam. Depuis quelques jours, une certaine presse le cite dans un supposé rapport qui serait envoyé à l’Ofnac. Ce que ses lieutenants rejettent catégoriquement et s’érigent en bouclier pour défendre leur leader. Ce qui intrigue, cependant, ce sont les sorties qui se multiplient en faveur du député-maire de Agnam. D’ailleurs, il a même convoqué ce mercredi une rencontre au siège de l’Apr. Ces soldats, qui ont récemment tenu un point de presse, ont tenté vaille que vaille à mettre les trois communes du Bossea que sont Agnam, Dabia et Orrefondé sous la coupole du seul maire de Agnam, en l’occurrence Farba Ngom. Peut-être une manière de dissuader ses détracteurs, les «faucons» du Palais, qui ne seraient pas en odeur de sainteté avec le griot attitré du chef de l’Etat.
De même, récemment, lors d’une mobilisation politique dans son fief, l’édile de Ourossogui, devenu agent judiciaire de l’Etat, Maître Moussa Bocar Thiam, pour ne pas le nommer, du haut de sa tribune, avait témoigné qu’il travaille derrière Farba Ngom. Le meeting du maire de Ourossogui était diffusé en direct sur la télévision privée, la 2Stv. Autant de faits et d’événements qui font croire qu’il y a des manœuvres qui se font au plus haut niveau.

Deux poids, deux mesures
C’est probablement parce qu’aujourd’hui Farba Ngom fait face à un leadership montant du Garde des sceaux, ministre de la Justice, Me Malick Sall. Ce dernier est considéré par ses proches et dans l’ordre protocolaire comme celui qui désormais devrait incarner le rôle de leader et non celui qui vient se ranger derrière Farba Ngom. Ce qui pourtant était le cas, avant sa nomination dans le gouvernement. Malick Sall, même s’il ne le dit pas à haute et intelligible voix, travaille aussi à installer ses hommes, qui lui sont proches. C’est le cas pour Ibrahima Agne, Pca de l’Onas, qui souhaite se positionner dans la commune de Bokidiawé. Ou bien encore à Nabadji Civol, où il y a son Dage qui, selon certaines indiscrétions, lorgnerait le fauteuil du maire sortant, Abdoulaye Sally Sall. C’est comme si on assistait à bataille de l’Apr contre l’Apr.
Chacun cherche à user de ses réseaux pour être dans les bonnes grâces du chef de l’Etat. Mais force est de reconnaître, qu’en termes d’ancienneté, de présence sur le terrain et même de mobilisation, il est difficile voire impossible pour un quelconque responsable politique de Matam, de concurrencer ou de détrôner Farba Ngom. Il vit son époque et son étoile brille de mille feux. Non seulement il a un bilan, mais il a fait travailler des jeunes de sa commune qui lui sont restés fidèles. Aussi, Farba Ngom a sous contrôle ou la main mise sur la mairie de Dabia et celle de Orrefondé pour y avoir placé ses hommes, respectivement Yaya Abdoul Kane, Directeur général de l’Agpbe, et Amadou Yéro Ba, ancien directeur d’école. Cependant, la mairie de Thilogne, qui risque de basculer lors des prochaines élections locales de janvier 2022, échappe à celui qui se considère comme le pilier du Bossea.
S’agissant de Malick Sall, sa fidélité et sa loyauté envers le chef de l’Etat sont pour le moment incontestables, mais il doit poursuivre sa politique de développement, avoir un discours meilleur et plus politique pour étendre ses tentacules et peut-être qu’il s’imposera comme coordonnateur «émérite» dans le département de Matam.
Forte probabilité de reconduction des maires sortants
Il nous revient que les maires sortants pourraient être reconduits. Un risque énorme de sanction plane ainsi sur la grande coalition Benno bokk yaakaar. Sauf s’ils sont miraculés. Parce que leurs bilans sont peu élogieux. Ce sont des affairistes qui, pour la plupart, sont absents du terrain. Mais, com­me on dit, au Sénégal, ce n’est pas le bilan qui fait un maire.
A Matam, selon les informations en notre possession, les populations portent toujours Macky Sall dans leur cœur, mais elles aspirent au changement. Les gens veulent voir de nouveaux visages qui vont propulser une nouvelle dynamique politique locale pour engager et relever de nouveaux défis. Le risque qui se profile en direction de ces joutes électorales très décisives, c’est un fort taux d’abstention, qui pourrait être plus élevé que les taux des échéances passées. Parce que tout simplement, les gens sont frustrés et ne se retrouvent ou ne sont pas impliqués sur ce qui se fait. Le sentiment le mieux partagé, selon une source, c’est que les gens se sentent parfois comme des citoyens entièrement à part et non des citoyens à part entière.
Par Djiby DEM – d.dem@lequotidien.sn

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