Elections territoriales du 23 janvier 2022 à Ziguinchor : au-delà du verdict, quels enseignements ?

Contexte politique et rappel historique : ces élections sont intervenues hors délai (extra tempora) car il s’agissait du renouvellement des mandats obtenus en 2014 et qui devraient prendre fin en 2019. L’absence de volonté politique du Président Macky Sall explique cette situation.
Pour rappel, en 2014, à l’exception de la commune de Niassia, les autres communes de Ziguinchor avaient été remportées par une coalition de l’opposition dirigée par Abdoulaye Baldé.
Peu après, toutes les communes et le Conseil départemental se sont retrouvés sous le giron de la mouvance présidentielle du fait des effets pervers de la transhumance (au sens délictuel et dégradant du terme). L’argument avancé : pour avoir des opportunités de développer ces communes, il faut être dans la mouvance présidentielle. Drôle d’argument, mais argument tout de même.
Aujourd’hui, au terme des élections du 23 janvier 2022, aucun maire, ni président de Conseil départemental de cette coalition de l’opposition gagnante en 2014, n’a pu obtenir le renouvellement de confiance avec son peuple. Cela veut dire que notre brave peuple est jaloux de sa souveraineté et n’est pas complaisant quand il s’agit de l’orthodoxie, de la probité morale, de l’éthique et de la sincérité.
Quant au contexte spécifique aux élections territoriales du 23 janvier 2022, il y a lieu de rappeler que pour le cas de la commune de Ziguinchor, les enjeux sont énormes : le brillant et charismatique honorable député, par ailleurs leader de Pastef, Ousmane Sonko, a attiré l’attention de l’opinion, locale, nationale et internationale, depuis qu’il s’est déclaré candidat à la mairie de Ziguinchor.
Macky Sall, comme à l’accoutumée, chercha, cherche et cherchera vainement à mettre en œuvre une stratégie susceptible d’humilier Ousmane Sonko. Le ministre de l’Intérieur, le Préfet et le Gouverneur de Ziguinchor, de façon sournoise, jouèrent le sale boulot : rétention et détournement des cartes d’électeur destinées aux populations de la commune de Ziguinchor, création, en dehors de toute référence législative et réglementaire, de «commissions» parallèles administrées frauduleusement par une racaille de délinquants qui, avec la complicité de l’Etat et du gouvernement, confisquent les cartes d’autrui, distribuent irrégulièrement les cartes d’électeur selon leur humeur, au nez et à la barbe du Préfet, du Gouverneur et du ministre de l’Intérieur… Un des délinquants a été pris pour être immédiatement libéré par la police de Yanatogne (le culte de l’impunité). Toutes ces autorités ont accepté cette sale besogne au nom de la gestion de leur carrière… La République, notre République est malade. Elle n’est plus administrée. Elle est désespérément au service d’intérêts individuels et mesquins…Ce qui est triste et regrettable.
Pendant que les populations locales peinaient à obtenir leur carte d’électeur, Macky convoyait sur Ziguinchor, une population aux origines fictives, pour éventuellement tenter de renverser un combat perdu d’avance.
Comme si cela ne suffisait pas, le même Macky Sall, son ministre de l’Intérieur et d’autres fonctionnaires véreux, ont envoyé dans certains bureaux de votes, des bulletins destinés à Kébémer et à Kédougou : le sabotage est flagrant. S’y ajoutent les tentatives d’achat de conscience, le harcèlement sous toutes ses formes de certains responsables de l’opposition. Tout cela avait pour but de réduire artificiellement l’écart supposé entre le candidat Ousmane Sonko et les autres candidats parrainés par Macky Sall. Faut-il le rappeler, l’enjeu des élections territoriales à Ziguinchor porte sur le candidat à la mairie qui va arriver deuxième ; car d’avance Ousmane Sonko était sûr de remporter ce scrutin.
L’objectif visé et largement atteint par Yewwi askan wi est d’empêcher Macky Sall et Benno bokk yaakaar d’obtenir 25% du suffrage. Et c’est contre cet objectif que tout l’appareil étatique et gouvernemental s’était vainement mobilisé.
Au-delà de la défaite supposée des candidats de la mouvance présidentielle, c’est Macky Sall en personne que les populations locales ont négativement sanctionné en réponse à plusieurs provocations, dont la plus récente est celle où Macky Sall demandait aux Casamançais de voter pour Benno bokk yaakaar s’ils veulent intégrer le Sénégal.
A force de combattre Ousmane Sonko sans discernement, Macky Sall a fini par se dresser contre toute une région. Il appartient alors à chacun de nos compatriotes d’en tirer toutes les conséquences.
Enfin, notre victoire ne doit pas nous détourner de certains principes tels que la transparence, l’équité, la justice… C’est au nom de ces valeurs que nous exigeons encore une fois la restitution intégrale des cartes d’électeur des Ziguinchorois, de sanctionner tous ces délinquants pris en flagrant délit de distribution et de possession de cartes nationales d’identité et des cartes d’électeur appartenant à autrui, d’établir la chaîne de complicité ayant aidé ces malfrats à se donner illégalement une fonction de distributeur de cartes d’électeur et de carte nationale d’identité et de mettre fin à certaines pratiques relevant de certains prématurés, prétendus leaders politiques de la mouvance présidentielle qui s’adonnent impunément à des provocations menaçant gravement l’ordre et la stabilité de notre localité, voire de notre pays.
L’image de notre démocratie et de notre République en vaut la peine. Sauvons-la !
Abdou SANE
Ancien député, coordonnateur provisoire communal de Pastef Ziguinchor

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