A ce rythme-là, cela va vite devenir banal. En Afrique de l’ouest, trois régimes viennent de tomber. L’Armée déserte les camps et s’accaparent du pouvoir. Le dernier de la classe, c’est le Burkina Faso. L’Armée, qui peine à assurer la sécurité, a trouvé une façon intelligente de se compliquer la vie.
Par Malick GAYE – «La Constitution est suspendue, le gouvernement dissout, l’Assemblée nationale dissoute, les frontières aériennes et terrestres sont fermées jusqu’à nouvel ordre» ! L’information du coup d’Etat au Burkina Faso a été confirmée par les putschistes à la télévision nationale. Dans une déclaration, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (Mpsr) l’a rendue officielle.
Le lieutenant-colonel Damiba, nouvel homme fort
Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, agè de 41 ans, est un officier de l’armée burkinabè. Ancien élément de l’ex-Rsp (Régiment de sécurité présidentielle), il a quitté les rangs de cette garde prétorienne de Blaise Compaoré, après les mutineries de 2011. Affecté à Dori, comme commandant du 11ème Régiment d’infanterie commando (Ric), il rejoindra par la suite le 12ème Ric à Ouahigouya, toujours comme commandant.
Après les évènements de 2015, celui que ses frères d’armes surnomment «l’armée», du fait de sa rigueur militaire, effectue des stages de perfectionnement à l’extérieur du pays. De retour au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Damiba, a été nommé chef de corps du 30ème Régiment de commandement d’appui et de soutien (Rcas) logé au camp général Baba Sy ex-camp 1178 encore camp Boiro.
Après le drame d’Inata, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a été nommé commandant de la 3ème Région militaire, qui couvre Ouagadougou, Koudougou, Fada N’Gourma et Manga. Il est auteur du livre «Armée ouest-africaines et terrorisme, réponses incertaines ?». Le nouvel homme fort est de la promotion 92 du Prytanée militaire du Kadiogo (Pmk). Il est de la 7ème promotion Amgn (l’Académie militaire George Namoano) de Pô.
Après plusieurs heures d’incertitudes et de chaos, au lendemain d’une journée de manifestations contre le pouvoir marquée par des mutineries dans plusieurs bases du pays, les militaires ont annoncé que la prise du pouvoir s’est faite sans violence. Des soldats se sont mutinés dimanche dans plusieurs casernes du Burkina Faso, dont celles de Sangoulé Lamizana et de Baba Sy, pour réclamer le départ des chefs de l’armée et des «moyens adaptés» à la lutte contre les jihadistes. Des tirs avaient été entendus en fin de journée dimanche près de la résidence du chef de l’État, accusé par une grande partie de la population excédée par la violence, d’être «incapable» de contrer les groupes jihadistes. Le Président Roch Kaboré avait été fait signe sur son compte Twitter en demandant que les militaires rejoignent les camps avant le de supprimer. Pour le moment, il est entre les mains des militaires.
Mali, Guinée et Burkina Faso même situation, destins différents ?
A ce rythme cela va vite devenir banal. En Afrique de l’ouest trois régimes viennent de tomber. L’Armée déserte les camps et s’empare du pouvoir. Contraints à l’union par les mesures de la Cedeao, les putschistes commencent à devenir représentatifs. Ce qui ne facilite en rien le travail de la communauté ouest africaine. En effet, la Cedeao a décidant d’asphyxier le Mali, elle voulait tuer dans l’œuf toute volonté de faire des émules. Cela semble produire l’effet contraire. Le Burkina Faso miné par une crise profonde est finalement récupéré par les militaires. Il faudra désormais ordonner ou dialoguer avec trois régimes militaires pour un retour de l’ordre constitutionnel. Pour l’instant, la Cedeao s’est contentée de «suivre avec une grande préoccupation l’évolution de la situation au Burkina Faso, « caractérisée » depuis dimanche par une tentative de coup d’Etat». Dans un communiqué, l’institution sous-régionale «tient les militaires responsables de l’intégrité physique du Président Roch Marc Christian Kaboré». Une position partagée par l’Union africaine (Ua). Qui «encourage tous les acteurs civils et militaires à privilégier « le dialogue politique comme voix de solution des problèmes » du pays. Et invite les forces de sécurité à assurer l’intégrité physique du Président Kaboré».
Les manifestations de soutien
Quand des informations ont fait état de l’arrestation du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, dimanche nuit, des jeunes favorables à un probable coup de force de l’Armée ont fait le déplacement le lundi 24 janvier 2022 en milieu de matinée à la Place de la Nation pour apporter leur soutien à l’Armée dans la capitale. Le centre-ville de Ouagadougou à tout l’air d’une ville morte. Beaucoup de services et boutiques sont restés fermés et la circulation, d’habitude très dense, est plutôt fluide.
«On attend que l’Armée vienne nous dire exactement ce qui se passe. S’ils ont pris leurs responsabilités qu’ils nous le disent officiellement. Ils savent qu’ils doivent assumer leurs responsabilités, parce que le pays est en difficulté. Au Mali, les militaires sont arrivés il y a juste un peu plus d’un an, mais les terroristes sont en train de fuir pour venir au Burkina Faso. Notre Président est là il y a 7 ans et la situation n’a fait que s’empirer. C’est le chaos total. Il n’a pas assumé sa responsabilité. Il a juré de protéger les Burkinabè, voilà les résultats. Nous sommes là pour encourager et féliciter l’Armée » a déclaré Adama Tiendrébéogo du Mouvement ‘’Sauvons le Faso’’.
mgaye@lequotidien.sn
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