Diogo – Projet d’expansion de la Grande côte opérations : Les populations jettent du sable sur Gco

S’il y a un projet qui suscite aujourd’hui beaucoup de polémiques à Diogo, localité qui abrite la Grande côte opérations (Gco), c’est bien le projet d’expansion de cette entreprise minière spécialisée dans la valorisation des sables minéralisés au Sénégal. En sit-in dans le village de Foth, les populations dénoncent une «grave injustice», et ont fixé un ultimatum aux responsables de l’entreprise, pour le réparer. Sinon, menacent-elles, «plus de cohabitation pacifique avec le géant du zircon».

Par Ndèye Fatou NIANG (Correspondante) – «Nous demandons le respect des droits des populations», répètent en chœur les populations de Foth de concert avec celles de Diogo, localité qui abrite la Grande côte opérations (Gco), qui exploite le zircon et les sables titanifères le long du littoral nord. Choquées par le projet d’expansion de l’entreprise minière qui va augmenter de près de 10% sa production, les populations s’indignent. «Le 21 avril dernier, une audience publique s’est tenue à Darou Khoudoss pour discuter du projet relatif à l’expansion de Gco. Mais les populations ont rejeté le document d’étude d’impact environnemental et social parce qu’il y a des manquements avérés dans la procédure d’évaluation», explique Cheikh Fall, expert en environnement et habitant de Diogo. Parmi les manquements, il y a, selon lui, «l’absence de consultation des populations de la zone de Diogo et particulièrement du village de Thioukoune, impactées par le projet. Les populations ont été oubliées et consultées après pré-validation du rapport par le comité technique de Gco», s’énerve Cheikh Fall qui dénonce cette «désinvolture des autorités de Gco». Ainsi, il interpelle les autorités étatiques pour résoudre le problème. «Elles doivent agir efficacement et sans délai pour décrisper la situation très tendue entre la Gco et les populations. Parce que nous n’excluront pas un soulèvement populaire si les autorités ne réagissent pas. Nous voulons être réhabilités dans nos droits», enchaîne le porte-parole. Ne décolérant pas, devant des centaines de jeunes sur les nerfs, il ne passe sous silence «la décennie de souffrance» de leur «cohabitation» avec Gco.
Il s’agit notamment des «manquements» notés dans «le reboisement compensatoire de variétés d’espèces, prévu sur le site après exploitation, qui n’a pas réussi. On se demande même si le reboisement ne se heurte-t-il pas à la nature des déchets et des résidus de l’exploitation». Aussi poursuit-il, «l’appauvrissement des sols après les opérations minières, mais également le non-respect des engagements pris au départ par Gco, qui avait promis que, après la réhabilitation, les champs seront restitués aux populations. Mais aujourd’hui les mêmes champs sont donnés aux Eaux et forêts». Et ceci, sans compter «le calvaire des populations qui sont extrêmement enclavées de la commune de Darou Khoudoss, les émanations de poussière avec son lot de conséquences sur la santé des populations qui souffrent de maladies pulmonaires, les recrutements qui ne respectent pas le principe : «à compétence égale, la priorité revient aux locaux»». Surtout que, indique-t-il, «des jeunes de la localité ont été déjà formés par l’entreprise elle-même. Mais en lieu et place, il y a un recrutement discriminatoire qui s’opère en défaveur des populations locales. Gco recrute d’autres jeunes venus d’horizons divers». Ainsi, exige-t-il, «nous voulons que la main-d’œuvre locale soit privilégiée comme recommandé par le Code du travail. A compétence égale, priorité aux locaux. Nous disposons d’assez de ressources pour faire face à n’importe quel concurrent. Nous disons à Gco de rendre à Diogo ce qui appartient à Diogo». Ce n’est pas tout : «Il y a des licenciements arbitraires, une absence totale de communication entre Gco et les communautés affectées qui ne sont impliquées sur les questions qui les touchent directement. Egalement il y a d’énormes défaillances dans la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’accompagnement socio-économique des populations déplacées involontairement.» En somme, s’étrangle Cheikh Fall, «les populations sont au paroxysme de leur calcaire pendant que l’entreprise veut booster sa production pour maximiser ses profits». Plein d’amertume, il se désole : «Rien n’a été fait. L’espoir en termes de cadre de vie, d’emploi des jeunes suscité, s’est amenuisé.» Toutes griffes dehors, les populations soulignent que cette sortie est le premier signal, et sans aucune réaction positive, elles vont engager la lutte quels que soient l’adversité, les écueils à franchir pour leur épanouissement et le développement de Diogo et environs.
nfniang@lequotidien.sn

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