#Saint-Louis – Litige autour d’un projet agricole à Minguègne : Il disparaît avec plus de 7,5 millions de salaire de ses ouvriers

Dans la localité de Minguègne, située à une trentaine de kilomètres de la ville de Saint-Louis, dans la commune de Gandon, un litige financier défraie la chronique. Près de 150 ouvriers travaillant pour le compte du Gie «And jëf», dans la ferme Agrisoleil, réclament leurs salaires estimés à 7,5 millions de francs Cfa, à un entrepreneur espagnol porté disparu depuis plusieurs mois. Ces ouvriers, qui ne savent plus à quel saint se vouer, ont fait face à la presse pour interpeller l’Etat du Sénégal et le gouvernement espagnol.

Par Cheikh NDIONGUE (Correspondant) – 150 ouvriers travaillant pour le compte du Gie «And jëf», dans la ferme Agrisoleil, en ont après leur employeur. Ce dernier, un Espagnol, qui aurait disparu dans la nature depuis plusieurs mois, leur doit leurs salaires estimés à 7,5 millions de francs Cfa. Selon les explications fournies par Badara Seck, président dudit Gie et porte-parole des ouvriers, la ferme qui appartient à une société française, Sci Camirose, a été louée à la société espagnole Moderne Europeen Agrisoleil, basée à Saragoza (Espagne), qui en avait délégué l’exploitation à sa filiale sénégalaise, Agrisoleil, gérée par un citoyen espagnol du nom de Augustin Iriarte. C’est ce dernier qui, par le biais de cette société, avait contracté avec le Gie «And jëf» de Minguègne Boye, qu’il dirige comme prestataire de service au niveau de l’exploitation agricole, avec l’objectif de recruter la main d’œuvre pour les activités agricoles. Seulement, expli­que-t-il, au bout de quelques mois d’activités ponctués par des difficultés de paiement liées à des problèmes de trésorerie de l’entreprise Agrisoleil, les ouvriers ont décidé d’arrêter le travail.
Face à cette situation, l’entreprise a elle aussi invoqué, selon le président du Gie, des problèmes techniques qui l’empêcheraient de continuer à fonctionner correctement. Mais avant de libérer ceux qui le désiraient, le responsable en chef de l’entreprise, M. Iriarte, a reconnu devoir au Gie et aux ouvriers, la somme de 7 millions 583 mille 480 francs Cfa, qu’il s’est engagée à payer plus tard tout en proposant, à partir de ce moment, de pointer lui-même les ouvriers qui veulent continuer à travailler dans la ferme et de les payer avec l’argent récupéré sur la vente des produits agricoles, en attendant de régler le montant dû, afin de continuer à fonctionner. Ainsi, explique le président du Gie «Ande jëf», certains ouvriers sont restés alors que d’autres ont choisi d’arrêter tout en menaçant de porter l’affaire devant la Justice.
Les responsables du Gie, qui étaient l’interface entre la so­ciété Agrisoleil et les ouvriers, sont intervenus à ce moment pour faire la médiation afin d’éviter que l’affaire n’atterrisse devant les tribunaux. Cepen­dant, après quelques mois d’attente, ce sont ces responsables du Gie, eux-mêmes, qui ont décidé, au mois de janvier dernier, de commettre un huissier pour servir à la société Agri­soleil, une sommation interpellative par l’intermédiaire de ses responsables restés sur place. Ces derniers, d’après les explications de M. Seck, se sont engagés, après avoir reçu la sommation, à effectuer tous les paiements au mois de mai dernier, au plus tard. Acceptant ce nouvel engagement, le Gie a décidé d’attendre, mais en vain. Ses responsables ont ainsi décidé d’informer l’opinion, ensuite de déposer une plainte devant la Justice, mais également de saisir l’ambassade d’Espagne dans la mesure où depuis plusieurs mois, Augustin Iriarti a disparu et ne répond plus au téléphone.
Le Gie «Ande jëf» et les ouvriers, composés entre autres d’ouvriers agricoles, de chauffeurs, de conducteurs d’engins et de machinistes, qui ont décidé d’ester en Justice, interpellent ainsi l’Etat du Sénégal et le gouvernement espagnol pour que Justice soit faite et que les ayants droit puissent recevoir enfin leur argent, d’autant plus que la ferme, qui était louée, a été récupérée par ses propriétaires légaux. Les plaignants ont dans la foulée invité tous les acteurs qui peuvent s’impliquer, de s’investir pour qu’une solution soit trouvée, car pour eux, au moment où l’on parle du renforcement de la politique d’emploi des jeunes, l’on ne saurait expliquer pourquoi plus d’une centaine de jeunes sont laissés dans une telle situation.
cndiongue@lequotidien.sn 

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