Par Serigne Saliou DIAGNE – La Gendarmerie nationale a démarré depuis un certain temps, des contrôles sur les excès de vitesse, notamment sur les autoroutes sénégalaises dont l’autoroute Dakar-Thiès-Touba. Je fais mon mea-culpa, car j’ai été pris quelques jours plus tôt au niveau de Bambey avec plusieurs autres automobilistes, en train de rouler bien au-dessus des limites autorisées. Un jalonnement de gendarmes, installés au niveau des aires de repos dédiées, s’était chargé d’immobiliser les véhicules en faute, confrontant les conducteurs, avec preuve à l’appui des excès, et les invitant à s’acquitter d’une amende pécuniaire avant de reprendre leurs permis de conduire après un contrôle de routine. Les gendarmes ne manqueront pas de souligner à d’autres automobilistes, tout comme moi, les risques qui étaient encourus et les travers de notre mauvaise conduite au volant. Cette présence autant dissuasive que bienveillante a le mérite de servir de garde-fou à tout furieux du volant qui se croirait sur un Autobahn du Baol. J’aurais au moins appris ma leçon.
Les dégâts des Sénégalais au volant sont énormes. Le ministère des Infrastructures et des transports terrestres renseignait en décembre 2021, que les accidents de la route coûtent annuellement à l’Etat du Sénégal pas moins de 163 milliards de francs Cfa, ce qui représenterait près de 2% du Produit intérieur brut (Pib). Le bilan macabre des routes sénégalaises fait aussi froid dans le dos, en plus de l’hécatombe financière. En 2020, plus de 800 morts ont été dénombrés sur nos routes, avec un total de plus de 3000 décès dans la période 2017-2020, d’après l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) et la Direction des transports routiers (Dtr). Avec un parc automobile en croissance constante du fait d’une combinaison de différentes mesures (plus de 860 000 véhicules circulent actuellement dans notre pays), le nombre d’accidents et de dommages sur les routes sénégalaises a aussi augmenté de façon insidieuse. Une particularité des accidents de la route au Sénégal, selon les experts de la circulation routière, est qu’ils découlent, pour leur grande majorité, du facteur humain. La responsabilité des conducteurs est le facteur le plus engagé comme cause des sinistres routiers du fait d’une désinvolture au volant ou d’une tenue de route laxiste et capricieuse.
Les dépassements irréguliers sont monnaie courante sur nos routes. Les bandes d’arrêt d’urgence sont des voies où roulent à toute allure, des véhicules sur nos autoroutes en cas de congestion et servent de couloirs de dédoublement pour des automobilistes «pressés». Tout véhicule, doté du plus petit gyrophare, peut se livrer aux courses les plus folles pour marquer son empressement ou l’importance de ses courses et missions. On se demanderait même si l’empressement de certains véhicules de service sur nos routes se transformait en efficience actée dans leurs missions et mandats que notre pays serait déjà loin sur la rampe du progrès. Les bus de transport interurbain et les camions se plaisent à se faire la course sur nos routes nationales. Les véhicules «Allo Dakar» courent des grands prix d’endurance entre les autoroutes à péage de Dakar, Thiès, Mbour et Touba, avec des passagers souvent complaisants avec les errements des conducteurs. Les téléphones aux mains des conducteurs ont secondé pour beaucoup d’automobilistes particuliers, les volants. Des véhicules d’un autre âge sont sur nos routes et bénéficient de visite technique, sans que cela n’inquiète. Personne ne se gêne à refuser la courtoisie à des véhicules d’intérêt général prioritaires. Les motocyclistes peuvent sortir à tout bout de champ, sans casque, avec une conduite des plus agressives s’ils ne s’improvisent pas flèches de circonstances pour tout type de convoi (des cercueils aux politiciens, sans citer les sportifs). C’est dire que tous ces abus au volant sont notre lot quotidien et la sécurité sur nos routes est devenue une cause publique nous interpellant.
A défaut de pouvoir nous discipliner, il est judicieux qu’un Léviathan, dans son rôle régalien, nous dicte la voie à suivre, limite nos écarts et excès, de surcroît s’il parvient, par des pénalités pécuniaires, à générer d’énormes ressources à utiliser au service de la communauté. Le jalonnement de la Gendarmerie nationale au niveau de Bambey, pour faire face aux excès de vitesse, est à voir sous ce prisme. Loin d’être des militants d’une société de surveillance, contrôler nos routes de la furie des automobilistes et de l’irresponsabilité au volant s’impose au vu de l’ampleur des maux découlant des accidents routiers. Si les poches sont sanctionnées à toutes les fautes commises au volant sans aucune complaisance, on arrivera un jour à comprendre entre bons Sénégalais, qu’il n’y a ici aucun «aigle de la route» pour reprendre une ligne de Mad Max. Nul n’est né avec un volant entre les mains et un accélérateur collé au pied.
saliou.diagne@lequotidien.sn
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