Mouvement d’humeur des contrôleurs du ciel : L’Asecna dénonce une «grève sauvage»

Les contrôleurs du ciel à l’Asecna mènent une «grève sauvage», selon la Direction générale. L’agence dénonce ce mouvement d’humeur qui arrive à un moment économiquement inopportun.

Par Khady SONKO –Une situation regrettable et inédite règne à l’Asecna (Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique). L’agence fait face, en effet, à des contrôleurs qui observent un mouvement de grève depuis hier. Pourtant, sur les 19 points de revendications des grévistes, 11 font l’objet d’un accord. «Nous subissons les effets de cette grève alors que la plateforme revendicative ne devait plus conduire à une grève, dans la mesure où sur les 19 points, 11 ont été résolus, 7 sont pris en compte dans le cadre du nouveau système de rémunération», dénonce le directeur des Ressources humaines en conférence de presse hier.

Selon Ceubah Guelpina, des résolutions ont été données par le Comité des ministres, qui est l’organe suprême et qui a donné des indications claires aux contrôleurs pour pouvoir lever leur mot d’ordre de grève. «Ils ont refusé de respecter la résolution du Comité des ministres et rendu effective leur grève», regrette M. Guelpina. D’après lui, le délai réglementaire de préavis de grève n’est même pas respecté. «Vous ne pouvez pas réactiver un préavis de grève le 20 et partir en grève le 23», rappelle-t-il. Suffisant alors, à ses yeux, pour qualifier le mouvement des contrôleurs du ciel de «grève sauvage» et irrespectueuse. «Il s’agit d’une grève sauvage parce qu’elle n’est respectueuse de rien du tout. Les contrôleurs ont foulé au pied tout, jusqu’aux décisions du Comité des ministres qui est un organe suprême. Nous sommes en face d’une organisation illégale qui est en train de semer le trouble dans la fourniture des services de navigation aérienne», a déclaré le Drh de l’Asecna.

La direction promet de mettre en œuvre ses moyens pour maîtriser cette situation, mais aussi pour assurer la sécurité des vols dans la zone de l’Asecna.
Toutefois, l’Asecna a cet avantage de disposer d’un équipement de visualisation, appelé Adsp, qui permet de voir l’ensemble des avions dans son espace aérien. L’agence dispose d’un centre, qui suit de très près le trafic dans l’espace aérien. «Même si nous ne faisons pas le service de contrôle, nous connaissons la position des avions disposant de capacités Adsp et nous avons la possibilité par les téléphones, d’échanger avec les centres qui les gèrent afin que toutes les mesures de sécurité soient garanties», informe le directeur de l’Exploitation de l’aviation aérienne, Louis Bakienon.

Impact de la grève
Si à cause de la grève des contrôleurs du ciel, les aéroports ne peuvent plus fournir les services traditionnels et que ce sont des services dégradés qui sont offerts, il va sans dire que les compagnies aériennes vont zapper la zone de l’Asecna. «En termes économiques, cela va jouer énormément sur nos Etats. Les passagers sont bloqués dans les aéroports», regrette, M. Louis Bakienon. Il dit : «J’ai fait 33 ans à l’Asecna, mais c’est la première fois que je vois une situation pareille ; même si j’ai eu à gérer plusieurs grèves de ce type. Cela va jouer sur les économies de nos Etats, la desserte de nos aéroports.»

Pourtant, on rêve de plus en plus de connectivité, qui manque en Afrique, et de ciel unique africain. «Déjà, nous n’avons pas facilement la possibilité d’aller d’un pays à un autre. Si ces incapacités viennent s’y ajouter, l’Afrique va continuer à être très en retard», prévient M. Bakienon.

A ce jour, l’Asecna n’est pas encore revenue, sur le plan financier, à ses équilibres d’avant le Covid-19. «Nous sommes encore dans un processus où nous sommes en train de nous chercher. Parce qu’avec l’effet de la pandémie, certaines compagnies ont disparu, d’autres ont revu leur stratégie avec des modules plus petits, ce qui impacte l’agence. A un pareil moment, si ce sont des travailleurs dignes et conscients de la stabilité de l’agence, ils devraient savoir que ce n’est pas le moment d’aller en mouvement», sensibilise le directeur des Ressources humaines.

Par ailleurs, la situation inédite que traverse l’agence impacte l’ensemble de la communauté aéronautique internationale.
ksonko@lequotidien.sn

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