Rapport – Non-respect des libertés d’expression et de manifestation : Amnesty délivre une «mauvaise note» à l’Etat
Manifestations interdites, violations des droits humains et autres dérives de la part du pouvoir. C’est ce qu’a condamné hier le Directeur exécutif d’Amnesty International/Sénégal, Seydi Gassama, qui plaide pour que le bracelet électronique ne soit pas utilisé à des fins d’humiliation.
Par Amadou MBODJI – Amnesty International /Sénégal condamne «les restrictions de libertés d’expression et de marche». Le Directeur exécutif de l’Ong des droits humains, Seydi Gassama, en conférence de presse hier lors de la présentation du rapport d’Amnesty 2022-2023, déclare : «Au Sénégal, en 2022, le contexte a été un contexte de restriction des libertés, liberté d’expression, liberté de manifestation. Ces deux libertés ont été particulièrement restreintes l’année passée. La liberté d’expression a connu beaucoup de restrictions au Sénégal en 2022.» «Et la situation en 2023 ne s’annonce guère meilleure. En 2022, en outre, les multiples interdictions préfectorales qui ont continué à avoir lieu, le gouvernement sort toujours des statistiques globales pour nous dire voilà qu’il y a un faible pourcentage de manifestations interdites. Les manifestations qui sont interdites sont les manifestions des principales forces politiques de l’opposition ou des forces syndicales et de la Société civile, des manifestations revendicatives», explique Gassama. «Vous avez beau autoriser des manifestations, si vous interdisez les manifestations des partis politiques, si vous interdisez les manifestations de la Société civile et des syndicats, vous ne pouvez pas vous prévaloir justement du respect de la liberté d’expression. Non seulement les préfets continuent à interdire sur la base de motifs vagues, parfois même fallacieux de menaces de l’ordre public, mais la répression contre des manifestants est extrêmement dure.» Il rappelle ainsi les arrestations des députés Ahmed Aïdara et Mame Diarra Fam et celle de Déthié Fall, leader du Prp, en juin dernier, et les condamnations à une peine avec sursis pour MM. Aïdara et Fall «pour avoir justement participé à une manifestation pacifique».
«Guy Marius Sagna et d’autres personnes à Ziguinchor ont été également jugés pour participation à une manifestation», rembraie le Directeur exécutif d’Amnesty-Sénégal. Qui rappelle l’interdiction des manifs de Yaw d’aujourd’hui et de demain, «alors que même le pays dispose suffisamment de Forces de sécurité pour encadrer les manifestations», renchérit Seydi Gassama en citant les «6 mille policiers et gendarmes recrutés en 2022 par l’Etat», avant d’en rajouter «6 mille autres en 2023». «(…) On n’est plus dans le régime de l’autorisation. Il interdit ! Oui ! Il n’autorise pas. Nous sommes dans un régime de déclaration», soutient-il. Avant de dénoncer «les tortures et mauvais traitements en prison» en citant le cas de François Mancabou. «Dénonçant le recours à la force» et «le traitement qu’on a fait subir à Ousmane Sonko», le 16 mars dernier, et «les cas de décès lors des manifestations», tout en déplorant que «les enquêtes qui sont ouvertes n’ont connu aucune évolution», M. Gassama en arrive à conclure : «On va clairement vers une situation d’impunité.» «Et cette impunité est la cause principale de la répétition des actes de violation grave des droits humains, notamment les décès en détention, les homicides», soutient-il.
M. Gassama fait aussi comprendre aux jeunes manifestants l’importance que revêt de «préserver les biens publics, qui ne sont pas les biens de l’Etat mais des Sénégalais», avant de souligner que s’en prendre à des structures comme Auchan, ce n’est que causer des ennuis «à des privés français qui n’ont rien à voir avec l’Etat et à des maraichers sénégalais, qui vendent des produits à Auchan qui emploie des Sénégalais». S’exprimant sur les «arrestations tous azimuts des membres du parti Pastef dont certains se sont retrouvés avec le bracelet électronique en se faisant accorder la liberté provisoire», Seydi Gassama pense qu’il y avait mieux à faire «que de leur mettre ce bracelet». M. Gassama plaide pour qu’on évite d’utiliser le bracelet électronique «à des fins d’humiliation de personnes».
ambodji@lequotidien.sn
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