Washington, ce 14 avril 2023 sonne comme un heureux hasard, le bloc d’immeubles qui abrite le siège de la Banque mondiale et ses filiales dont l’Agence multilatérale de garantie des investissements (Miga), accueille en grande solennité le ministre sénégalais des Finances et du budget, Mouhamadou M. Bâ, pour la signature de la 1000ème garantie émise par l’institution d’assurance et de garantie d’investissements en 35 ans d’activités dans le giron des institutions des Bretton Woods.
La signature de cette garantie, qui représente la millième opération soutenue par la Miga, est tout un symbole pour le Sénégal qui garde son attractivité auprès des gros investisseurs du monde, en même temps, notre pays obtient le quitus assurantiel de la Miga permettant à l’Etat, déjà actionnaire, d’accroître de 10 à 40% sa participation au capital de Dp World Dakar Sa, concessionnaire du futur hub portuaire de Ndayane : un mégaprojet unique en Afrique au Sud du Sahara. Cette garantie Miga, d’un montant de 516 millions d’euros, est émise au profit d’un pool bancaire avec Standard Chartered Bank (Royaume-Uni) et de Crédit Agricole Corporate and Investment Bank (France) comme chefs de file.
Pendant que le ministre des Finances du Sénégal bétonne le financement du futur port et accroît la participation du Sénégal dans cet ouvrage stratégique, ses collègues du gouvernement, avec le ministre du Pse à leur tête, prennent le chemin de Bamako. Dakar prend prétexte du rappel à Dieu du père du chef de la junte de Bamako pour donner des gages aux autorités maliennes sur le juteux fret malien qui transite par Dakar et réchauffer ainsi des liens économiques très mis en mal par les sanctions de la Cedeao.
Le ministre du Pse, chef de la délégation ministérielle présente au palais de Koulouba, connaît bien le dossier en tant qu’ancien directeur du port, aujourd’hui ministre du Pse, donc co-maître d’œuvre de l’ouvrage structurant qui figure parmi les projets phare du Pse.
Le Port de Dakar assure plus de 3 000 000 de tonnes pour le voisin malien, avec Ndayane, c’est le double voire le triple que cette future plateforme transport-logistique pourra offrir aux chargeurs maliens, déjà le Mali va vers l’excédent en céréales et le boom minier avec les énormes gisements d’or et surtout de lithium sur lesquels les transitaires ivoiriens font déjà les yeux doux à Bamako.
Le Mali absorbe 25% des exportations sénégalaises, des chaînes de valeurs entières au Sénégal sont tributaires des consommateurs maliens, sans compter le commerce transfrontalier avec le bétail, source de protéines pour les populations sénégalaises. Notre Zlecaf commence par le Mali, qui est presque un prolongement naturel.
Comme quoi, «Bamako vaut bien une messe», heureusement que le Sénégal l’a bien compris ; plus question de concéder nos parts de marché.
Moustapha DIAKHATE
Consultant et expert Infrast.
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