Malgré la protestation des jeunes du village, les actions de démolition se sont poursuivies à Mbéye, comme si de rien n’était, ce vendredi, sous la surveillance stricte des gendarmes. Sur place, la tension et la colère restent toujours palpables, mais les populations espèrent surtout une intervention du chef de l’Etat pour que les 22 ha en question restent dans leur périmètre foncier.
Par Alioune Badara NDIAYE – La détermination des populations n’y a rien fait. Les opérations de démolition menées par des bulldozers, sous haute surveillance des gendarmes, se sont poursuivies vendredi, au grand dam des habitants de Mbéye, village situé dans la commune de Bambilor, qui pourtant n’ont pas voulu se livrer pieds et poings liés. Malgré les appels de quelques jeunes surexcités incitant à la mobilisation, juste quelques actions sporadiques ont été menées sur le terrain. Quelques jets de pierres en direction des «envahisseurs indésirables» et puis les vociférations loin du site, au grand soulagement des Fds qui n’ont pas vécu les courses-poursuites et autres actes de la veille. Tout a en effet commencé jeudi, avec l’arrivée en force de ces engins pour démolir les constructions et champs se trouvant sur un périmètre de quelque 22 hectares, surface dont le promoteur dit détenir la propriété à la faveur d’un bail datant de 2011. Courroucés, les habitants avaient rallié la mairie de Bambilor pour étaler leur colère. «Ce qui se passe nous a surpris et nous a fait très mal au plus profond de nous. Voir un individu venir de je ne sais où et réclamer la propriété de ces terres où sont nos parents est une chose inexplicable», s’est désolé vendredi le sexagénaire Souleymane Ndao, qui appelle les autorités, le président de la République en tête, à mettre fin à leur désarroi. «Hier (jeudi), Mbéye n’intéressait personne, et aujourd’hui qu’on l’a entretenu et mis en valeur, des gens veulent nous prendre de force ce qui nous appartient», a pesté Bigué Guèye, interpellant le maire de la commune, Ndiagne Diop, qui, selon elle, doit les édifier sur ce qui se passe. La jeune Salla Sow, élève en classe de 4e, n’en revient pas de la mésaventure. «Tout ce que nous voulons, c’est vivre en paix. Depuis deux jours, on ne va plus à l’école à cause de cette situation qui doit être réglée au plus vite», s’est lamentée la collégienne.
«Certains de nos enfants ont été arrêtés et d’autres traînent des blessures. La vie humaine est sacrée, et ces gens ont démontré qu’ils sont prêts à tuer pour cet espace. C’est quelque chose de grave, et nous prenons l’opinion à témoin sur cette forfaiture qu’est en train de vivre le village de Mbéye», a asséné M. Ndao. Pendant ce temps, les engins destructeurs continuent leur œuvre sur le site face à des habitants tenus à distance par l’imposante armada déployée par les Fds. Mbéye n’attend dès lors que l’intervention du président de la République pour ne pas être délesté de cette surface qui lui avait été cédée en 2006, dans le cadre de l’extension du village centenaire.
Il faut savoir que la journée du jeudi a été chaude à Bambilor. Des habitants du village de Mbèye ont fait une descente au niveau de la mairie de cette localité pour exprimer leur colère, et s’y sont adonnés à des actes de saccage. Pneus brûlés à la devanture de l’institution municipale, verrerie caillassée…, c’était le triste décor sur place. A l’origine de ce mouvement, la descente d’éléments de la gendarmerie et d’engins pour la démolition de constructions et champs sur un périmètre de 22 hectares.
abdnaiye@lequotdien.sn
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