Levée de son immunité parlementaire : Sonko  dévêtu demain – Ses partisans déterminés à marcher le mardi

Ousmane Sonko pourrait être livré à la Justice ce vendredi. Son immunité parlementaire pourrait être levée demain par ses collègues, convoqués en session plénière pour examiner les conclusions de la Commission ad hoc chargée de statuer sur la demande de levée de l’immunité parlementaire du leader de Pastef.

’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko va être levée ou non demain. Les députés sont convoqués en séance plénière ce vendredi, pour l’examen des conclusions de la Commission ad hoc chargée de statuer sur la demande des autorités judiciaires. Elle pourrait être actée avec la majorité dont dispose le régime à l’Assemblée nationale, et que l’opposition accuse de «complot». Des débats houleux en perspective. Les derniers développements de cette affaire dite «Sweet beauté», du nom du salon de massage d’où a commencé le scandale qui pourrait coûter sa liberté au leader de Pastef, laissent présager des joutes verbales entre députés.
En effet, le vice-président de la Commission ad hoc, Moustapha Guirassy, et le représentant des non-inscrits, Cheikh Bamba Dièye, ont démissionné dimanche. Ces derniers refusent d’être «complices d’une mise à mort» d’un député sans «aucun élément probant». Ce qui fait que finalement il n’y a eu que 9 élus à se réunir sans la présence de Ousmane Sonko qui a refusé de déférer à la convocation de la commission qui était chargée de l’entendre.
Dans une lettre adressée au président de ladite commission, M. Pape Birame Touré, les démissionnaires avaient donné les raisons qui les ont poussés à claquer la porte de Commission ad hoc. «Nous vous permettons ainsi d’être seuls à prendre l’entière responsabilité de la forfaiture que vous vous préparez à perpétrer. Au nom de l’Etat de droit et de l’éthique, nous ne pouvons y participer», ont-ils écrit. Pour les deux, «Ousmane Sonko est un élu du peuple et un représentant de la Nation ; et nous ne pouvons accepter d’être complices d’une mise à mort d’un député légalement et légitimement élu ; laquelle mise à mort ne repose sur aucun élément probant». A l’endroit de leurs collègues de la Commission ad hoc, Moustapha Guirassy et Cheikh Bamba Dièye ont fait savoir que l’immunité parlementaire est le «verrou ultime dont dispose le député pour se protéger contre les complots, les procès d’intention et la calomnie».
Par ailleurs, ils relèvent qu’il est devenu «évident que la démarche unilatérale et la précipitation» avec laquelle la Commission ad hoc veut statuer «ne sont porteuses d’aucune garantie de respect de la présomption d’innocence et du droit de tout citoyen (serait-il député, surtout s’il est député) à être jugé dans le respect des droits de la défense». L’instruction doit se faire à charge et à décharge et l’Assemblée nationale doit être informée de la réalité des faits, ajoutaient-ils. Alors ils considèrent que la Représentation nationale a donné des pouvoirs importants à la Commission ad hoc pour mettre à sa disposition toutes les informations nécessaires pour lui permettre de prendre sa décision «avec sérénité et en toute connaissance de cause». Et dénoncent-ils, «vous avez refusé à la commission de jouer son rôle de «juge d’instruction» du Parlement pour mieux l’éclairer dans la grave décision qu’elle est amenée à prendre». Ainsi les démissionnaires concluent que «le fonctionnement de la commission montre à suffisance que l’Assemblée nationale est en train de renforcer et de consacrer son inféodation au pouvoir exécutif par le biais du Parquet qui lui dicte la conduite à tenir».
En réponse aux démissionnaires, le premier vice-président de l’Assemblée nationale, Abdou Mbow, avait estimé que les élus de l’opposition faisaient dans «la manipulation et la calomnie». Parce que, avait-il dit, «leurs gesticulations ne reposent sur aucun argument juridique». Il ajoutait : «Si l’immunité a pour vocation de protéger le mandat du parlementaire et de garantir son indépendance dans l’exercice de ses fonctions, ce régime protecteur dérogatoire du droit commun n’a pas pour objet d’assurer une impunité au député ou faire entrave à l’exercice du pouvoir judiciaire.» Pour sa part, la députée Aïda Mbodji, qui était chargée de défendre M. Sonko, n’a pas hésité à cracher ses vérités. Elle a dit : «Il ne faut pas compter sur les parlementaires de l’opposition pour légitimer cette mascarade. On ne va pas leur donner le quitus, ils n’ont qu’à en tirer toutes les conséquences et répondre devant l’histoire, devant l’opinion. De toute façon, ce n’est pas une première, on a toujours désacralisé l’immunité parlementaire.»
Le député Ousmane Sonko est accusé de viols et de menaces de mort par une masseuse, du nom de Adji Sarr. Il parle de «complot» en accusant le Président Macky Sall et son régime. «Je ne peux pas souhaiter, même à mon pire adversaire, une telle situation. Il y a une accusation, une procédure en cours, et il ne faut pas mêler le Président à des choses qui ne le regardent aucunement», a rétorqué Macky Sall sur les ondes de Rfi le mardi.



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