Ousmane Dieng, Secrétaire général de la Société sénégalaise de colposcopie… : «Le cancer reste une pandémie méconnue»

Le Secrétaire général de la Société sénégalaise de colposcopie et de pathologie liée au papillomavirus, Dr Ousmane Dieng, a indiqué vendredi, que le cancer reste une «pandémie méconnue» et juge inadmissible qu’en 2020, les femmes puissent continuer à contracter cette maladie et en mourir. «C’est une pandémie qui est méconnue et c’est la première infection non transmissible dans le monde. Le papillomavirus est à l’origine de neuf autres cancers», a rappelé Dr Dieng, gynécologue-colposcopiste. Il s’exprimait lors d’un point de presse organisé au Service national de l’éducation et de l’information pour la santé (Sneips), en prélude à la Journée de sensibilisation contre le papillomavirus.
Elle sera célébrée pour la première fois au Sénégal, le 4 mars prochain, autour du thème : «Un souci de moins.» Parlant du cancer du col de l’utérus causé par le papillomavirus, Dr Ousmane Dieng a jugé «inadmissible qu’en 2020, les femmes continuent d’avoir le cancer et d’en mourir». Il a révélé que certains «pays scandinaves (…) commencent à éliminer le cancer du col grâce à la vaccination». Le papillomavirus est «méconnu de la population générale. Grâce au dépistage et à la vaccination, on pourra éliminer le cancer, et notre pays ne doit pas rater cette occasion», a-t-il dit. «Aujourd’hui, il n’est plus normal pour une femme, d’attraper le cancer du col de l’utérus, parce que le délai entre l’infection par le virus et l’apparition du cancer, c’est 20 ans», a-t-il martelé. Il a appelé à «inciter les femmes âgées de 30 à 69 ans à faire régulièrement le dépistage», notant que «c’est une chance pour les filles âgées de 9 à 13 ans de se vacciner, parce que ce vaccin est disponible et gratuit au Sénégal depuis novembre 2018, dans le cadre du Programme élargi de vaccination». Il a cependant indiqué que «la vaccination a souffert de la pandémie à Covid-19», situation selon lui, illustrée par le fait qu’au lancement de la campagne, le taux de couverture qui «avoisinait les 95% de la cible», a entre-temps «diminué» pour tourner aujourd’hui «autour de 47%». Dr Dieng, lui-même gynécologue spécialiste du cancer, précise qu’au Sénégal, «il y a environ plus de 11 000 cas de cancers (…) par année», dont 2500 relèvent du cancer du col de l’utérus. «Parmi ces 2500 cas, 80% vont décéder. C’est cela la triste réalité. Elles [les femmes affectées] vont arriver à un stade très tardif. Ce sont des décès évitables et c’est le sens de notre combat», a-t-il lancé.
Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) estime à 11 317, le nombre de nouveaux cas de cancers diagnostiqués au Sénégal en 2020, année où le pays a aussi enregistré 7893 décès, avait révélé début février, le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr. Les formes les plus répandues sont les cancers du col de l’utérus (17,8%) et du sein (16,7%), avait-il précisé lors d’un Forum de mobilisation autour de la lutte contre le cancer, organisé à Dakar. Il avait prévenu que les taux d’incidence et de mortalité devraient augmenter de plus de 40% d’ici à 2030, si des mesures urgentes ne sont pas prises.
APS

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