Son évasion avait suscité moult commentaires. Pape Mamadou Seck a été finalement arrêté hier chez son marabout à Darou Karim, situé dans le département de Mbacké. Arrêté dans le cadre de l’affaire dite de la «Force spéciale», Pape Mamadou Seck avait été transféré au Pavillon spécial de l’hôpital Le Dantec où il s’est évadé dans la nuit du 9 au 10 juillet dernier, après avoir été placé sous mandat de dépôt pour des supposés actes terroristes.
Par Dieynaba KANE – Fin de cavale pour Pape Mamadou Seck. Membre supposé de la «Force spéciale», il a juste tenu 15 jours. Il a été arrêté hier à 9h à Darou Karim, situé dans les faubourgs de Touba. L’Administration pénitentiaire, qui a donné l’information dans un communiqué, renseigne que «le détenu a été repris et réintégré en détention». Dans le même document, elle rappelle que Pape Mamadou Seck, qui était détenu au Pavillon spécial de l’hôpital Aristide Le Dantec, s’était évadé dans la nuit du 9 au 10 juillet 2022. Et a rallié ce village à bord d’une moto.
Après la Dap, la Gendarmerie nationale a été plus explicite sur les circonstances de l’arrestation de M. Seck, en soutenant qu’elle a été facilitée par «les services techniques de l’Etat». «Les investigations effectuées dans le cadre de l’exécution de l’avis de recherche et d’arrestation ont permis de le localiser et de l’appréhender dans la matinée du 24 juillet 2022 au village de Darou Karim, au domicile de son marabout», précise la Gendarmerie nationale. Il a été arrêté par les Eléments pénitenciers d’intervention (Epi) chez son marabout, avec l’aide des gendarmes qui l’ont cueilli, sans résistance, avant de le ramener à Dakar. Le prévenu a été interpellé grâce à une géolocalisation de son téléphone au niveau de la place publique du village, qui fait face au domicile de son marabout, par la direction de la Sécurité publique. Quelques heures avant son interpellation, plusieurs sources anonymes avaient aussi remonté des renseignements sur sa présence dans les lieux à la gendarmerie et la police. Cette évasion avait suscité beaucoup de commentaires ayant ainsi poussé le directeur de l’Administration pénitentiaire à s’adresser à l’opinion lors d’une conférence de presse. Une rencontre au cours de laquelle le Colonel Jean-Bertrand Bocandé a reconnu la responsabilité de son service dans cette affaire. «Une personne en détention est sous la responsabilité de l’Administration pénitentiaire. Donc si elle s’échappe, c’est une faute qui nous incombe. Je l’avoue. Et nous ferons tout pour situer les responsabilités», avait-il déclaré. Par ailleurs, Colonel Jean-Bertrand Bocandé a fait savoir «qu’il (Pape Mamadou Seck) a utilisé des subterfuges pour s’échapper. Tromper la vigilance de ceux qui le surveillaient». Il avait promis des explications sur les circonstances de cette évasion. «Il s’est évadé, oui. Comment cela a pu avoir lieu ? Nous sommes en train de chercher des explications. Et nous détenons des éléments et le moment indiqué, nous les communiquerons», avait-il dit. Dans la même veine, le directeur de l’Administration pénitentiaire s’était adressé à Pape Mamadou Seck pour I ’inviter «à reconsidérer sa position pour revenir se soigner». Et M. Bocandé d’ajouter : «Qu’il vienne se décharger de ses accusations s’il croit qu’il n’a pas commis de faute.» Le Colonel Bocandé avait, par la même occasion, demandé aux populations de coopérer «pour retrouver Pape Mamadou Seck». «Un évadé est un danger pour les populations. Tous ceux qui ont des informations sur lui doivent nous saisir et encore une fois, j’invite Pape Mamadou Seck à revenir à de meilleurs sentiments», avait-il insisté.
Bien sûr, il va faire face au juge afin de subir un procès pour évasion. Ce sera une deuxième procédure pénale à son encontre. Car Pape Mamadou Seck avait été placé sous mandat de dépôt le 29 juin dernier par le juge d’instruction du deuxième cabinet, en même temps que 9 autres présumés complices, pour les délits de complot contre l’autorité de l’Etat, actes de nature à occasionner des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en vue d’organiser des bandes en leur fournissant des armes, munitions, dans le but de s’attaquer à la force publique, détention et transport de produits et substances incendiaires en vue de compromettre la sécurité publique et détention illégale d’armes à feu. D’après les éléments de l’enquête de la Sûreté urbaine, le 17 juin dernier, lors de la manifestation interdite de Yewwi askan wi contre l’invalidation de la liste nationale titulaire aux Législatives de cette coalition, ils voulaient en profiter pour mener des actions contre l’Etat. L’objectif était de saboter des centrales électriques, le Train express régional (Ter), d’assassiner des personnalités politiques, de la Société civile, de s’en prendre aux intérêts français, selon toujours les investigations de la police. Et le poste électrique de la Société nationale d’électricité, situé à la sortie 10 de l’Autoroute à péage, a été visé par un commando de la «Force spéciale» dont plusieurs éléments ont été interpellés en prélude à la manifestation interdite de Yaw en mi-juin. L’objectif était de «créer une panne électrique dans le secteur» après avoir jeté un cocktail Molotov à l’intérieur du poste. Mais, l’explosion n’a pas eu l’effet escompté du fait d’une faible détonation.
dkane@lequotidien.sn
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