Disparition de Jean Fulbert Sambou et de Didier Badji : Kafountine nage dans le doute

Le maire de la commune de Kafountine, où sont originaires Jean Fulbert Sambou et l’adjudant-chef Didier Badji, exige du chef de l’Etat et du gouvernement qu’ils se prononcent sur la disparition de ces deux agents de l’inspection générale d’Etat et de la Direction des renseignements militaires. David Diatta demande également aux députés d’interpeller les ministres de l’Intérieur et des Forces armées sur l’affaire.

Par Khady SONKO – Le maire de Kafountine con­damne le silence des autorités étatiques du pays sur la disparition de Jean Fulbert Sambou et de Didier Badji, tous les deux originaires du même village de Niomoune dans la commune de Kafountine. Le maire David Diatta et les familles des disparus dénoncent surtout le silence de ceux qui devraient parler et qui ne le font pas. Déçu par le comportement de l’Etat, il martèle en conférence de presse : «Nous avons besoin d’être informés par eux de ce qu’ils savent de la situation. Il est inadmissible que jusque-là seul le procureur de République se substitue en porte-parole du gouvernement. Or, ces deux dignes fils du Sénégal ont servi directement le président de la République, ce sont des agents du président de la République. Tout le monde sait que l’Ins­pection générale d’Etat est directement rattachée au président de la République.»

Le maire de Kafountine interpelle les députés pour qu’ils saisissent à leur tour les ministres de l’Intérieur et surtout des Forces armées dont dépendent directement les deux disparus. «Aujourd’hui, à l’état actuel, autopsie ou pas autopsie, ils sont parvenus à créer ce sentiment de rupture de confiance», a déclaré l’élu local hier. A l’en croire, tout le terroir souffre de cette affaire. «Nous nous trouvons aujourd’hui dans l’obligation de nous exprimer pour demander encore une fois de plus, que l’Etat nous édifie, et nous éclaire sur cette affaire qui est une affaire d’Etat, parce que les disparus ne sont pas n’importe qui, même si toute vie humaine est sacrée», a-t-il dit. Il ajoute : «Ce sont les agents de l’Etat qui ont loyalement servi l’Etat, que nous connaissons de par le sérieux, de par leur engagement, de par leur discrétion, ce ne sont pas des gens qui sont aussi légers», renseigne M. Diatta qui se garde d’entrer dans des polémiques compte tenu des débats et des orientations «voulues». Il considère que des gens «cyniques et à la limite méchants» ont voulu très tôt orienter l’opinion vers des considérations qu’un humain ne peut imaginer. «Nous exigeons de l’Etat qu’il se prononce sur cette affaire. Parce que compte tenu de ces circonstances et ce que nous considérons comme Etat de gouvernance de ce pays, que ce soit journalistes, agents de renseignement ou agents de sécurité, quelle que soit la couche de cette population, personne ne se sent plus en sécurité dans ce pays», déplore l’élu local. Ce dont il est sûr, c’est que l’intimidation ne passera pas.
La conférence de presse est donc un premier acte que Kafountine pose dans le sens d’apporter la lumière sur la disparition de ses fils. «Nous ne laisserons pas cette affaire jusqu’à ce que lumière soit établie. C’est un premier acte que nous posons et la suite, nous le constaterons tous parce que ce pays nous appartient», clame David Diatta. Si le corps sans vie de Fulbert Sambou a été retrouvé, Didier Badji reste encore introuvable.
ksonko@lequotidien.sn

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